Législatives françaises : triomphe pour le Parti socialiste, bilan mitigé pour la diversité
Les urnes françaises ont rendu leur verdict. Le Parti socialiste a obtenu la majorité absolue aux législatives, s’assurant la possibilité d’appliquer le programme présidentiel de François Hollande. Plus jeune, plus féminine, la nouvelle assemblée est marquée par le sceau du renouvellement et accueille dans ses rangs quelques députés, tous de gauche, issus de la diversité.
Législatives françaises : 2012, l’année de la diversité ?
La victoire est de taille pour le Parti socialiste et pour François Hollande. En obtenant, malgré le bémol d’une abstention record (44%), la majorité absolue dimanche 17 juin, le camp du président de la République s’est assuré une assemblée où il aura les coudées franches pour appliquer le programme de l’ex-candidat Hollande. Avec une opposition UMP à la dérive, un parti écologiste qui ne compte que 17 élus et un Front de gauche qui peine à concrétiser, le PS peut être serein.
Mais le principal enseignement de ce scrutin a été de confirmer la volonté des Français de clore une page de leur histoire politique. L’UMP semble avoir payé ses tentatives de séduction de l’électorat d’extrême-droite. Claude Guéant, dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine, qui a incarné la droitisation du quinquennat Sarkozy, n’a pas pu conquérir son premier mandat de député. Nadine Morano, qui s’est illustrée dans l’entre-deux-tours en appelant clairement les électeurs du FN à la soutenir, n’est quant à elle pas parvenue à conserver son siège dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle. En revanche, du côté des candidats de la droite plus modérée, Bruno Lemaire et Nathalie Kosciusko-Morizet sont parvenus à l’emporter.
Figures issues du Maghreb
La page de 2007 semble donc être tournée. Le Palais Bourbon va accueillir 40% de nouveaux élus, soit deux fois plus de nouvelles têtes que pour le précédent chassé-croisé, en 2007. Parmi eux, quelques candidats de la diversité, tous issus des les rangs de la gauche, la droite ayant perdu bon nombre de ses figures au premier tour, comme la radicale Rama Yade, et les UMP Sally Chadjaa ou Salima Saa.
Malek Boutih s’est en revanche imposé, dans la 10e circonscription de l’Esssone, qui ne présentait que peu de risques de revers. Avec 56,8% des suffrages, le candidat socialiste d’origine algérienne succède au socialiste Julien Dray, qui ne se représentait pas, et devance la radicale Marianne Duranton, soutenue par l’UMP.
Si la victoire est belle pour Malek Boutih, elle l’est encore davantage pour Razzy Hammadi. En l’absence d’adversaire, après le retrait du communiste jean-Pierre Brard, l’ancien président du Mouvement des jeunes socialistes, a obtenu 100% des voix dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis. Autre vainqueur, dans la 10e circonscription de Haute-Garonne, Kader Arif. Le ministre délégué aux Anciens combattants jouait gros, cas de défaite il aurait dû quitter le gouvernement. Il l’emporte sur l’UMP Dominique Faure, avec un confortable 57,78% des suffrages.
Une seule représentante d’origine subsaharienne
Outre ces trois figures connues d’origine maghrébine, l’Assemblée va accueillir en son sein une seule députée originaire d’Afrique subsaharienne, en la personne de Seybah Dagoma, née à Nantes de parents tchadiens. Candidate pour la première fois aux législatives, l’avocate de 34 ans a marqué les esprits en écrasant le président des Jeunes UMP, Benjamin Lancar, avec 70,1% des voix, dans la 5ème circonscription de Paris. Le maire du Xe arrondissement, Rémi Féraud (PS), expliquait, après la victoire : « Seybah Dagoma est un symbole de la diversité de la société française, mais elle ne veut pas être qu’un symbole. Elle veut d’abord être une députée socialiste. »
Enfin, d’autres candidats issus de la diversité n’arpenteront pas les couloirs du Palais Bourbon. La socialiste Malika Schmidlin-M’Barek, dans la 6ème circonscription du Haut-Rhin, n’a pu totaliser que 32,56%, se classant deuxième, derrière le sortant Nouveau Centre Francis Hillmeyer, grand favori, et devant la frontiste Martine Binder, candidate du FN. Enfin Caroline Adomo (PS) subit le même sort dans la 5e circonscription du Val-de-Marne et laisse le fauteuil de député à l’UMP Gilles Carrez qui a totalisé 54,06% des suffrages exprimés.
Faibles progrès
Renouvelée à 40%, la nouvelle Assemblée nationale a fait un peu plus de place à la diversité. Quatre députés, tous socialistes, issus du Maghreb (Kheira Bouziane, élu en Côte d’Or, Chaynesse Khirouni, élu en Meurthe-et-Moselle, Razzy Hammadi, Malek Boutih), y siégeront, aux côtés de Seybah Dagoma. Kader Arif devrait quant à lui laisser son siège à son suppléant.
Enfin, Pouria Amirshahi, élu dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, né de parents iraniens, et Eduardo Rihan Cypel, élu de la 8e circonscription de Seine et Marne et d’origine brésilienne, complètent le tableau de la diversité. Celui-ci reste tout de même peu flatteur. Si six parlementaires d’origine africaine ont été élus, ils ne représentent encore qu’un tout petit peu plus de 1% de l’Assemblée.
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