Présidentielle égyptienne : Mohamed Morsi se proclame vainqueur, Ahmed Chafiq conteste

Le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, a revendiqué lundi 18 juin sa victoire à l’élection présidentielle en Égypte. Son rival Ahmed Chafiq conteste ce résultat provisoire.

Le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi. © AFP

Le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi. © AFP

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 18 juin 2012 Lecture : 4 minutes.

Qui sera le premier président égyptien à succéder à Hosni Moubarak? La question reste encore sans réponse. Le candidat des Frères musulmans, Mohamed Morsi, a pourtant proclamé sa victoire lundi 18 juin, quelques heures après la clôture du scrutin dimanche soir. Cette annonce a été aussitôt rejetée par son rival Ahmed Chafiq, qui a assuré que des résultats encore provisoires le plaçaient en tête de l’élection présidentielle.

De son côté, le Conseil suprême des forces armées (CSFA) a réitéré sa promesse de remettre le pouvoir au nouveau chef de l’État avant le 30 juin.

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La victoire de Mohamed Morsi, si elle est confirmée, porterait pour la première fois un islamiste à la tête du pays le plus peuplé du monde arabe, avec près de 82 millions d’habitants. Cette présidentielle était la première depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011.

Le futur président, quel qu’il soit, disposera toutefois d’une marge de manœuvre très réduite. Il devra notamment faire face à la junte militaire au pouvoir, qui s’est attribué de vastes prérogatives peu avant la fermeture des bureaux de vote.

« L’armée remet le pouvoir à l’armée », ironisait le quotidien indépendant al-Masri al-Youm, en allusion à la promesse du Conseil suprême des forces armées (CSFA) de remettre les rênes du pays au premier président égyptien librement élu. « Un président sans pouvoirs », titrait un autre journal indépendant, al-Chorouq.

Un "coup" des militaires

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La Coalition des jeunes de la révolution, qui regroupe plusieurs mouvements à l’origine de la révolte anti-Moubarak, a dénoncé un « coup » des militaires. « Le Conseil militaire, par ce coup anticonstitutionnel, s’est octroyé des pouvoirs sans précédent. Il ne reconnaît pas et ne reconnaîtra jamais une volonté populaire qui puisse le contredire », écrivent ces militants pro-démocratie dans un communiqué.

Parallèlement, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), le bras politique des Frères musulmans, a proclamé sur son compte Twitter : « Le docteur Mohamed Morsi est le premier président de la République élu par le peuple ».

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Son équipe de campagne a ensuite annoncé que Mohamed Morsi avait obtenu 52% des voix, contre 48% pour Ahmed Chafiq, un chiffre non officiel qui a cependant été repris par la télévision d’État.

Cette annonce a aussitôt été rejetée par le camp d’Ahmed Chafiq, général à la retraite considéré comme le candidat de l’armée. « Nous la rejetons totalement », a déclaré un de ses proches, Mahmoud Barakeh, qui a accusé les islamistes de chercher à « détourner le résultat de l’élection ». Selon son entourage, Ahmed Chafiq aurait recueilli 51,6% des voix sur la base de résultats partiels.

Les résultats officiels doivent être annoncés jeudi 21 juin par la Commission électorale.

Mohamed Morsi s’est engagé dans une allocution à travailler « main dans la main avec les Égyptiens pour un avenir meilleur, pour la liberté, la démocratie et la paix ». Il a aussi promis de « servir tous les Égyptiens » quelle que soit leur obédience politique ou religieuse.

Peu après l’annonce du PLJ, des centaines de partisans du candidat islamiste ont afflué sur l’emblématique place Tahrir, épicentre de la révolte de janvier/février 2011, pour fêter la « victoire » de leur représentant.

Nouvelle Constitution

Les Frères musulmans et les partis de la mouvance révolutionnaire ont également fustigé les nouveaux pouvoirs de l’armée. Dimanche soir, le CSFA a annoncé dans une Déclaration constitutionnelle amendée qu’il exercerait le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée du peuple, à une date non précisée.

La chambre des députés, dominée par les Frères musulmans, a en effet été dissoute samedi, en application d’un arrêt de la Haute cour constitutionnelle pour un vice juridique dans la loi électorale.

D’après le texte, le nouveau scrutin ne pourra toutefois pas avoir lieu avant l’adoption d’une nouvelle Constitution, qui devra être rédigée par une commission « représentant tous les segments de la société » avant d’être approuvée par référendum. Le CSFA s’est cependant accordé un droit de veto sur tout article qu’il estimerait « contraire aux intérêts suprêmes du pays ». La Déclaration stipule aussi que le CSFA garde la haute main sur « tout ce qui relève des forces armées ».

Mohamed Morsi, un ingénieur de 60 ans, a cherché à gommer son image d’islamiste conservateur pour se présenter comme un homme de rassemblement et le seul recours des partisans de la « révolution » contre un retour à l’ancien régime.

Ancien commandant en chef de l’armée de l’air, Ahmed Chafiq, 70 ans, a lui fait campagne sur le thème de la stabilité, chère à de nombreux Égyptiens après plus d’un an de transition politique chaotique. Il est soutenu par de nombreux Coptes (chrétiens d’Égypte), inquiets de la perspective d’une victoire islamiste.

(Avec AFP)

 

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