Tunisie : la troïka et Ghannouchi dénoncent les semeurs de troubles

Les trois plus hauts responsables de l’État tunisien, Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaafar et Hamadi Jebali, ainsi que le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, ont levé le ton face aux individus et aux groupes salafistes à l’origine des violences du début de semaine. Qu’ils accusent d’être liés aux soutiens du dictateur déchu Ben Ali.

Affrontements entre policiers et manifestants à Intilaka, près de Tunis, le 12 juin 2012. © AFP

Affrontements entre policiers et manifestants à Intilaka, près de Tunis, le 12 juin 2012. © AFP

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Publié le 14 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Dans un communiqué publié mercredi 13 juin au nom des « trois présidences » – le chef de l’État Moncef Marzouki, le président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar et le chef du gouvernement Hamadi Jebali -, les autorités tunisiennes ont fermement  condamné « des groupes extrémistes qui menacent les libertés », allusion aux salafistes et délinquants impliqués dans les violences du début de semaine en Tunisie.

Mais la troïka met surtout en cause « des spectres du régime déchu qui tentent de mettre en échec le processus de transition », accréditant la thèse d’une infiltration des salafistes par des ex-RCdistes, les membres du RCD, le parti dissous de Ben Ali. Parallèlement, et peut-être pas souci d’apaisement, elle condamne aussi les « provocations » des organisateurs du Printemps des arts de La Marsa, accusés d’avoir enflammé le pays en présentant des oeuvres jugées offensantes pour l’islam.

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Ayman Al-Zawahiri n’a pas d’influence en Tunisie. Cet homme est une catastrophe pour l’islam et pour les musulmans.

Rached Ghannouchi, chef d’Ennahdha

Rached Ghannouchi, chef d’Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, a de son côté rejeté avec véhémence au cours d’une conférence de presse tout lien entre les violences et l’appel au soulèvement lancé dimanche par le chef d’Al-Qaïda. « Ayman Al-Zawahiri n’a pas d’influence en Tunisie. Cet homme est une catastrophe pour l’islam et pour les musulmans », et le courant salafiste en Tunisie, « dont seule une minorité prône la violence, n’a pas de lien » avec l’organisation terroriste, a lancé le leader islamiste.

Couvre feu et arrestations

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Mercredi, le calme semblait prévaloir en Tunisie au lendemain de deux jours d’émeutes dans plusieurs villes, qui ont poussé le gouvernement à décréter mardi un couvre-feu nocturne sur huit gouvernorats du pays, dont celui de Tunis.

Des affrontements ont cependant à nouveau eu lieu mercredi soir entre un groupe de salafistes et des habitants d’une cité de Jendouba, dans le nord-ouest de la Tunisie, avant qu’ils ne soient séparés par les forces de l’ordre au moyen de gaz lacrymogènes et de tirs de sommation.

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Le bilan encore provisoire des violences de mardi est d’un mort – un jeune décédé après avoir reçu une balle dans la tête à Sousse (est) -, de plus d’une centaine de blessés, dont 65 policiers, et de 160 arrestations.

Contre-révolution

Ces groupes « tentent de perturber le pouvoir et de semer la terreur, s’arrogent le droit de se substituer aux institutions de l’État et tentent de mettre sous leur coupe les lieux de culte », explique le communiqué de la troïka.

« Ces événements surviennent à un moment où le pays avance vers l’écriture de sa nouvelle Constitution et l’édification de ses institutions », et où « le pays enregistre des indicateurs économiques positifs et une saison agricole et touristique prometteuse », relève le texte. « À chaque fois que la Tunisie entre dans une phase d’apaisement, de tels événements ressurgissent », ajoute-t-il.

(Avec AFP)

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