Tunisie : des salafistes s’enflamment après un appel d’al-Zawahiri

Dans la nuit du lundi 11 juin au mardi 12 juin, des salafistes ont attaqué un festival artistique au palais de La Marsa et s’en sont pris aux forces de l’ordre dans la banlieue de Tunis. Des actes qui interviennent quelques heures après l’appel aux Tunisiens à défendre la charia par le numéro un d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawihiri.

Des étudiants salafistes devant l’université de la Manouba, à Tunis. © AFP

Des étudiants salafistes devant l’université de la Manouba, à Tunis. © AFP

Publié le 12 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 15h20.

Les « barbus » n’en finissent plus d’agiter la Tunisie. Lors de la cérémonie de clôture de l’exposition « Le Printemps des Arts », qui s’est déroulé du 1er au 10 juin au Palais Abdellia de La Marsa, quelques salafistes étaient présents pour exprimer leur mécontentement face à certaines oeuvres jugées indécentes. Un peu plus tard dans la soirée, vers 22 heures, un groupe plus important de personnes, apparentées aux salafistes, est revenu après la fermeture des lieux pour s’attaquer aux productions « impies ».

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D’après certains témoins, cités par la presse tunisienne, ces personnes auraient escaladé les murs et les toits du palais pour s’y introduire. Une œuvre exposée dans la cour intérieure aurait été détruite puis brûlée dans la rue. D’autres oeuvres auraient été dégradées et retrouvées dans le palais, dont les murs ont par ailleurs été taggués. 

Au même moment, à quelques kilomètres de là, différents groupes mêlant salafistes et malfaiteurs ont affronté les forces de l’ordre dans plusieurs endroits de la capitale. Des incidents ont d’abord éclaté dans la cité populaire de Sijoumi, dans le Grand Tunis. Les assaillants ont incendié et pillé des locaux du tribunal de première instance avant que les policiers n’interviennent violemment. Une autre altercation nocturne impliquant des salafistes a eu lieu au Kram, dans la banlieue nord de Tunis. Ils auraient essayé d’incendier des postes de police avant d’être repoussé par des tirs de sommation à balles réelles (autorisés par les autorités) et les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre. D’après le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche, 46 personnes ont été arrêtées et sept policiers ont été légèrement blessés.

Al-Zawihiri contre les "plages naturistes"

Ces différentes attaques salafistes interviennent seulement quelques heures après la diffusion d’un étrange message d’Ayman al-Zawahiri, successeur d’Oussama Ben Laden à la tête d’Al-Qaïda. Dans cet enregistrement sonore publié sur différents sites islamistes, l’Égyptien s’adresse aux Tunisiens. Il les appelle à défendre la charia (loi coranique), en dépit de la promesse faite par le parti islamiste modéré Ennahda, actuellement au pouvoir, de ne pas l’imposer.

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L’émir d’Al-Qaïda déclare en outre qu’Ennahdha s’est renié et a trahi la religion. « Ils sont en train d’inventer un islam acceptable aux yeux du département d’État américain, de l’Union européenne ou (…) des pays du Golfe, fait-il valoir. Un islam qui autorise les casinos, les plages naturistes, les taux usuraires des banques, des lois laïques et la soumission au droit international.» « Venez en aide aux coutumes de votre Prophète et n’acceptez aucune substitution à la charia », a-t-il conclu.

Les salafistes appellent à manifester vendredi

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Suites aux différentes violences survenues à Tunis lundi soir, le mouvement salafiste radical Ansar Al Charia a par ailleurs appellé « tous les Tunisiens » à manifester vendredi après la prière contre les « atteintes à l’islam ».

Dans une vidéo circulant sur Facebook, une autre figure de la mouvance radicale, l’imam Abou Ayoub – qui avait appelé à attaquer la chaîne de télévision Nessma en octobre 2011 après la diffusion du film Persepolis – a lui appelé au « soulèvement ». « Peuple musulman il faut que tu te soulèves vendredi après la prière, en réponse à ceux qui se moquent de l’islam », a-t-il déclaré, en accusant le président tunisien Moncef Marzouki d’avoir abandonné l’islam.
 

>> Lire "Ces très inquiétant fous de Dieu" dans le n°2683 de Jeune Afrique, en kiosques du 10 au 16 juin.

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