Crash au Nigeria : « Pour l’instant, rien n’explique l’origine de l’accident »

Après le crash du Boeing MD-83, survenu dans l’après-midi du dimanche 3 juin à Lagos, la licence de la compagnie aérienne opérant le vol, Dana Airlines, a été suspendue par le gouvernement fédéral. Le secrétaire général de l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa), le Zimbabwéen Elijah Chingosho, dresse le contexte de la sécurité aérienne au Nigeria, durement éprouvée par deux accidents mortels en moins de 24 heures. Interview.

Elijah Chingosho dirige l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA). © D.R.

Elijah Chingosho dirige l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA). © D.R.

Publié le 6 juin 2012 Lecture : 3 minutes.

Jeune Afrique : Pour l’heure, le bilan du crash du 3 juin à Lagos est de 159 victimes. Qui est chargé de mener l’enquête ?

Elijah Chingosho : L’entité responsable pour ce genre d’enquêtes est la direction générale de l’aviation civile nigériane (DGNCAA).

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Sur quels éléments porte l’enquête qui va chercher à déterminer les causes de l’accident ? Certaines sources évoquent une panne des deux moteurs…

La DGNCAA doit déterminer si tous les moteurs ont cessé de fonctionner avant l’accident. Selon un récent communiqué de la DGNCAA, il n’est précisé nulle part que l’appareil a perdu ses deux réacteurs. L’équipe d’experts chargée de l’enquête va examiner la boîte noire de la cabine de pilotage et écouter les enregistrements des conversations entre la cabine et la tour de contrôle. Ils vont aussi vérifier les contrôles techniques opérés sur les moteurs pour comprendre ce qui s’est passé.

Tout ce qui a été dit avant la déclaration de la DGCNAA par des sources officielles relève de la spéculation. Pour l’instant rien n’explique l’origine de l’accident.

À quelle fréquence s’opèrent les contrôles de sécurité sur les appareils de ligne du type du Boeing MD83 de la compagnie Dana Airlines ?

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Ces appareils sont soumis à un programme de contrôles et d’inspections qui se fait en accord avec les recommandations des constructeurs, programme approuvé par l’autorité de l’aviation civile (CAA). Ce programme inclut des inspections routinières et ciblées sur l’avion, les moteurs et le système d’aviation.

C’est le deuxième crash d’un avion nigérian en deux jours dans la région. Samedi 2 juin, un Boeing 727 de la compagnie Allied Airlines transportant des marchandises a fait dix morts à Accra, au Ghana. L’avion-cargo aurait « manqué la piste à l’atterrissage samedi 2 juin à 19 heures 10 », selon un communiqué de l’aéroport. Coïncidence ou négligence des compagnies nigérianes ?

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Je crois qu’il faut bien séparer les deux accidents. Même si les deux compagnies sont nigérianes, les circonstances des événements sont différentes pour les deux crashes.

Dans un rapport de 2010, l’Association internationale du transport aérien (IATA) soulignait les problèmes de sécurité du secteur aérien en Afrique. Des mesures concrètes ont-elles été prises depuis ?

Le rapport sur la sécurité de l’IATA pointait, entre autres choses, le besoin d’améliorer la sécurité aérienne en Afrique à cause du nombre d’accidents, plus élevé en moyenne sur le continent que dans le reste du monde [3,27 accidents par million de vols en Afrique contre 1,12 dans le monde, NDLR]. Les différents acteurs africains concernés ont travaillé de concert pour s’améliorer et instituer une culture de la sécurité au sein des compagnies aériennes.

Le Nigeria s’est révélé être au niveau du standard mondial et a obtenu le statut de catégorie 1 de l’Autorité fédérale d’aviation des États-Unis.

En fait, de plus en plus de compagnies africaines obtiennent la certification de l’audit de sécurité opérationnelle (IATA Operational Safety Audit, IOSA : modèle international d’évaluation de la fiabilité des systèmes de gestion et de contrôle des compagnies aériennes, NDLR) délivrée par l’IATA. L’Organisation internationale de l’aviation civile (ICAO) et la Commission africaine d’aviation civile (AFCAC) ont travaillé avec les différentes autorités de l’aviation civile pour réduire les erreurs de sécurité et pourvoir une assistance technique pour éviter les négligences de ces mêmes autorités civiles d’aviation.

Particulièrement au Nigeria, l’Autorité fédérale d’aviation des États-Unis a effectué un audit des infrastructures, de la prévention et des systèmes de sécurité aériens du pays. Le Nigeria s’est révélé être au niveau du standard mondial et a obtenu le statut de catégorie 1. En 2011, l’Afrique a connu le plus bas taux d’accidents jamais atteint, en conséquence des efforts fournis [18 crashes recensés en Afrique en 2010, 8 en 2011, contre respectivement 94 et 92 dans le monde pour les mêmes années, NDLR).

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Propos recueillis par François Rihouay

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