Algérie – France : la couronne d’épines d’Abdel Abdessemed
Le plasticien algérien Abdel Abdessemed présente à Colmar, en France, quatre corps de Christ tressés en fil de fer barbelé. Potentiellement scandaleux…
Installé entre la France et le Maroc, exposé internationalement, le plasticien algérien Adel Abdessemed, 41 ans, a déjà provoqué les hauts cris. En 2006, il avait lâché sept sangliers (Sept Frères) dans les rues de Paris. En 2008, il avait proposé six vidéos (Don’t Trust Me) qui montraient la mise à mort d’animaux (mouton, porc, boeuf…) à l’aide d’une simple massue. En 2012, l’oeuvre qu’il présente, jusqu’au 16 septembre, au musée Unterlinden de Colmar (France) ne peut passer inaperçue.
Sachant très bien que toute représentation du Christ possède un étonnant potentiel de scandale, Abdessemed se permet de confronter son propre travail à l’un des plus célèbres chefs-d’oeuvre de la Renaissance germanique, exposé dans le musée alsacien : le retable d’Issenheim. Ce polyptyque de près de six mètres de haut, réalisé entre 1512 et 1516 par les peintre et sculpteur allemands Matthias Grünewald et Nicolas de Haguenau, figure notamment une crucifixion particulièrement expressive.
Violence, politique et religion
En présentant quatre Christ tressés en fil de fer barbelé ponctué de doubles lames, Abdessemed transforme le corps de Jésus en plaie ouverte, douloureuse et très actuelle. « Ce matériau, le même que celui utilisé dans le camp de Guantanamo ou par la défense militaire des frontières, est l’essence même de la cruauté et de l’oppression », déclare la commissaire de l’exposition, Frédérique Goerig-Hergott.
L’oeuvre s’appelle Décor (on peut entendre « Des corps »…) et elle a été achetée par l’homme d’affaires français François Pinault pour 2 millions d’euros. Quoique plus radicale et plus bavarde que nombre d’oeuvres d’Abdessemed, elle est à l’image de la réflexion de l’artiste sur la violence, la politique et la religion.
Né à Constantine en 1971, élève de l’École supérieure des beaux-arts d’Alger, il a été profondément marqué par l’assassinat, le 5 mars 1994, du directeur de l’établissement, Ahmed Asselah, et de son fils Rabah, tombés sous les balles des intégristes.
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