Interrogations sur la visite de Bill Clinton en Corée du Nord

Dépêché en Corée du Nord pour obtenir la libération de deux journalistes américaines emprisonnées, l’ancien président américain Bill Clinton assure n’avoir pas procédé à des négociations sur le dossier du nucléaire coréen.

Publié le 6 août 2009 Lecture : 3 minutes.

Ouverture historique au moment où un Kim Jong-Il déclinant souhaite passer la main ou simple rebondissement du bras de fer nucléaire avec les Etats-Unis? La question reste ouverte après la visite de Bill Clinton à Pyongyang et la grâce accordée à deux journalistes américaines.

Les Coréens du Nord "ont déjà joué à ce jeu par le passé", a rappelé le gouverneur démocrate du Nouveau-Mexique (sud-ouest), Bill Richardson, qui a déjà réalisé des missions diplomatiques dans ce pays. "Lorsque les tensions sont très fortes entre les deux pays, aujourd’hui comme hier, les Nord-Coréens sortent une carte de leur jeu", a-t-il poursuivi. L’arrestation des deux journalistes "constituait une carte parfaite qu’ils pouvaient utiliser pour envoyer un message aux Etats-Unis par l’intermédiaire d’un envoyé spécial américain".

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Au terme d’une visite surprise en Corée du Nord, l’ancien président américain Bill Clinton est rentré mercredi aux Etats-Unis en compagnie des deux journalistes libérées, Laura Ling et Euna Lee, graciées par Pyongyang après avoir été condamnées en juin à douze ans de travaux forcés pour avoir franchi la frontière sans autorisation.

Mission humanitaire seulement?

Rien n’a filtré sur le message -si toutefois message il y a eu- rapporté par Bill Clinton à l’issue de cette visite marquée, chose rare, par un dîner d’Etat aux côtés du leader Kim Jong-Il. Mais, selon les analystes, leurs discussions pourraient avoir donné à Bill Clinton un aperçu de la position de Pyongyang sur l’impasse des négociations consacrées à la dénucléarisation nord-coréenne, ainsi que sur la santé de Kim Jong-Il, qui apparaît frêle et émacié sur les photographies en sa compagnie et dont on dit qu’il prépare son fils Kim Jong-Un à lui succéder.

Quant à la Maison Blanche, elle a démenti que l’ancien président ait été porteur d’un message du président Barack Obama, et lui-même a insisté sur le caractère privé de cette mission humanitaire. "Nous avons dit aux Nord-Coréens qu’il y avait une voie pour de meilleures relations, et cela implique qu’ils cessent de mettre au point des armes nucléaires et mettent fin au comportement provocateur dont ils ont fait preuve", a-t-il dit lors de sa première réaction sur les retombées diplomatiques de la libération des deux journalistes.

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La secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, a adopté le même ton. Mais son ministère avait aidé à préparer l’opération de son mari et deux représentants du secrétariat d’Etat l’ont accompagné sur le terrain. Bill Clinton doit par ailleurs rendre compte de son voyage à la Maison Blanche.

Revenir à la table des négociations la tête haute

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Pour Scott Snyder, un expert de la Corée du Nord, cette visite "a élargi les canaux permettant d’échanger des messages entre Washington et Pyongyang". "Les informations glanées lors de la visite de M. Clinton pourraient avoir une certaine influence sur la politique de l’administration" américaine envers la Corée du Nord, estime-t-il sur le site internet du Council on Foreign Relations, un groupe de réflexion.

Washington a des raisons d’adopter une approche prudente, tant la Corée du Nord s’est montrée imprévisible par le passé, acceptant à plusieurs reprises de démanteler son programme nucléaire avant de faire volte-face. Victor Cha, spécialiste de ce pays auprès du Center for Strategic and International Studies, estime que la visite de Bill Clinton a peut-être fourni à Pyongyang, qui s’est mis à dos la communauté internationale ces derniers mois avec plusieurs tirs de missiles et deux essais nucléaires, une occasion de revenir à la table des négociations la tête haute.

"En ce sens, cette visite offre une occasion de réduire le niveau de tension depuis l’essai nucléaire de mai et d’ouvrir la voie aux négociations", explique-t-il sur le site de ce centre de réflexion.

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