Des footballeurs en herbe s’entraînent… en dansant

A la barre, en maillot et short de foot, Marco se concentre. Demi-plié, grand-plié, penché en avant n’ont plus de secret pour ce jeune Sud-Africain, qui rêve d’acquérir avec ces quelques pas de danse le style de l’ancien joueur de football argentin Diego Maradona.

"La danse, c’est nouveau pour moi, mais cela m’a beaucoup aidé pour me muscler les jambes. Je tire maintenant beaucoup plus fort et je peux facilement lever ma jambe en l’air pour frapper la balle", explique Marco Sosic, élève d’un des meilleurs centres de formation de football en Afrique du Sud. "Si je ne perce pas dans le foot, je pourrais toujours essayer dans la danse, cela ne me dérange pas!", lance cet adolescent de 16 ans d’origine serbe.

Huit heures de danse et d’assouplissement

Mais avant de jouer les petits rats, Marco et ses camarades ont dû tacler leurs préjugés sur la danse classique, assimilée à un sport de filles. "Ils avaient peur de devoir porter des collants et tous ces autres trucs bizarres. Mais s’ils voient qu’ils progressent, les jeunes s’investissent", constate Dirk Badenhorst, directeur de cette "Académie des sports et des arts".

Aux 30 heures de foot hebdomadaires s’ajoutent donc huit heures de danse et de pilates (assouplissement). Un programme intense pour ces jeunes qui "commencent à gagner en vitesse, à comprendre l’importance du contrôle du corps", poursuit-il. A l’ouverture du nouveau campus il y a un an, l’idée lui est venue de conjuguer danse et football en prenant modèle sur Diego Maradona.

L’inspiration de Maradona

"Cela a commencé lorsque quelqu’un a comparé le jeu de Maradona avec les mouvements de danse classique. Cette discipline est alors entrée dans le cursus du foot", explique Kobus Maree, physiothérapeute dans cet établissement.

Les 38 jeunes qui suivent ce programme original viennent de toute l’Afrique australe. Une année pour les internes coûtent 140. 000 rands (11. 000 euros), un somme bien supérieure au produit intérieur brut par habitant.

Certains bénéficient de bourses comme Botshelo Madumo, qui en a "presque pleuré" lorsqu’il a été admis dans ce prestigieux centre, situé entre Johannesburg et Pretoria.

"Ma mère, elle, était en larmes. J’étais vraiment heureux, elle a sauté de joie", se souvient l’adolescent de 14 ans, qui rêve de jouer pour Liverpool. Le jeune garçon a grandi dans un township de Pretoria et a été repéré lors de son premier match dans un club local. Il a quitté son école en janvier pour étudier dans cet établissement offrant les meilleures infrastructures. Coup de main aux enfants défavorisés

Le centre entend également donner leurs chances aux enfants plus défavorisés des environs et met ses enseignants à disposition des écoles voisines. Ainsi, à l’école primaire de Madibotle, où 26 instituteurs enseignent à 850 élèves, l’apprentissage de la danse apporte discipline et concentration, se félicite la directrice Patricia "Busi" Lumwila. "Certains n’arrivent pas à se concentrer en classe mais ils peuvent peut-être faire carrière dans les arts et pourquoi pas étudier à l’Académie!"