Présidentielle égyptienne : la contestation prend de l’ampleur à l’approche du second tour

La tension est montée d’un cran en Égypte à l’approche du second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin. Partout dans le pays, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues pour protester contre les verdicts du procès Moubarak, et pour réclamer un report du scrutin.

Sur la place Tahrir au Caire, le 5 juin 2012. © Mohammed Abed/AFP

Sur la place Tahrir au Caire, le 5 juin 2012. © Mohammed Abed/AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 6 juin 2012 Lecture : 2 minutes.

Cela faisait peut-être des mois que l’on avait pas vu une telle mobilisation en Égypte. Des milliers de contestataires se sont retrouvés sur la place Tahrir du Caire, mais aussi en province, du nord au sud du pays, dans des villes comme Alexandrie Suez, Port-Saïd, Ismaïliya, ou encore Assiout. Motif du mécontentement : les verdicts jugés trop cléments de plusieurs proches de l’ex-président Hosni Moubarak (six hauts responsables de la police ont été acquittés) dans le procès de ce dernier (qui a lui été condamné à la prison à vie) et la volonté d’invalider la candidature du dernier Premier ministre de l’ex-raïs, Ahmad Chafiq, au second tour de la présidentielle prévu les 16 et 17 juin.

Les appels à manifester ont été lancés par des organisations de jeunes laïques pro-démocratie mais aussi par certains candidats à la présidence éliminés au premier tour, comme le nationaliste de gauche Hamdeen Sabahi (arrivé troisième) et l’islamiste modéré Abdel Moneim Aboul Foutouh, qui ont appelé lundi la poursuite de « la révolution ».

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"Exclusion politique"

Les Frères musulmans se sont associés au mouvement, mais seulement au nom du rejet commun du verdict. Ils ne réclament pas un report du scrutin comme de nombreuses organisations qui estiment qu’il faut attendre que la Haute Cour constitutionnelle se prononce d’abord sur la validité de la candidature de Chafiq, qui a fait appel après avoir été disqualifié par la commission électorale.

En cause : une loi adoptée en avril dite « d’exclusion politique »qui prévoit d’« interdire à tout président de la République, vice-président, Premier ministre, président du Parti national démocrate [PND, parti de Moubarak] maintenant dissous, secrétaire général ou membre de son bureau politique » d’exercer des droits politiques pendant dix ans. Une disposition que le Conseil militaire au pouvoir avait ratifiée…

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Des manifestants sur la place Tahrir, le 5 juin 2012.

© Mohammed Abed/AFP

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Moubarak en dépression ?

Par ailleurs, les charges pour corruption qui pesaient sur Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, n’ont pas été retenues par le tribunal, ce qui a exaspéré nombre d’Égyptiens. « Ces verdicts sont très provocateurs. Ils montrent que depuis le début, les militaires veulent faire échouer la révolution », estimait une manifestante, Douaa, venue avec son bébé. « Nous rejetons le procès Moubarak, qui a été une grande farce. Nous voulons aussi le renvoi du procureur général, qui a laissé dans le tiroir toutes les plaintes pour corruption », affirmait de son côté Hicham Khalifa, un technicien informatique venu sur Tahrir.

Le parquet a annoncé qu’il ferait appel mais, selon une source judiciaire, ce processus pourrait prendre plusieurs semaines. Selon les services de sécurité et un de ses avocats, Me Yasser Bahr, l’ancien chef d’État, âgé de 84 ans, fait une « dépression nerveuse » dans la prison de Tora, au sud du Caire, où il a été placé samedi. Mais les informations sur sa santé, souvent partielles ou contradictoires, sont toutefois vues avec suspicion par beaucoup d’Égyptiens.

(Avec AFP)

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