Maroc : adieu Maître Naciri !
Ancien ministre de la Justice et avocat du roi, Mohamed Taïb Naciri était unanimement apprécié comme un homme de droit qui excellait tant dans la plaidoirie que dans les médiations discrètes.
« Sbah lkhir oustad ! » (Bonjour, maître !) Avec un large sourire qui illuminait sa grande silhouette élancée, Mohamed Taïb Naciri faisait la tournée des bureaux des avocats de son cabinet, tous les matins, vers 8 heures 30. Ce mardi 29 mai, il avait aussi tenu à saluer ses anciens collaborateurs du ministère de la Justice, juste avant une réunion de la toute nouvelle Haute instance du dialogue national sur la réforme de la justice. Il a été victime d’une crise cardiaque, à l’intérieur du ministère qu’il a dirigé deux ans, de janvier 2010 à janvier 2012.
Né en 1939, ancien bâtonnier, ayant défendu les plus grands et occupé des hautes fonctions dans la justice et l’appareil d’État du Maroc, il se sentait partout chez lui mais peut-être encore plus qu’ailleurs parmi les confrères d’un métier qu’il tenait en très haute estime. Ils étaient d’ailleurs nombreux à venir lui rendre un dernier hommage lors de ses funérailles, à la fois simples et grandioses, à Nouaceur, au sud de Casablanca.
Ferme mais poli
Dans sa vie, Mohamed Taïb Naciri a rassemblé large, lui qui fut l’avocat des militants socialistes pendant les « années de plomb » mais aussi de Hassan II puis de Mohammed VI. Le « bâtonnier » comme l’appelaient avec déférence ses collaborateurs, s’était imposé à tous par ses qualités exemplaires d’avocat d’affaires : écoute, discrétion, intelligence et éloquence.
Le voir plaider était un régal, lui qui maniait l’arabe classique dans le prétoire tout en pratiquant parfaitement le français. Avocat du roi, il avait gardé de nombreuses amitiés à gauche, mais se gardait d’accepter des dossiers pour le moins délicats, comme celui de l’expulsion du militant communiste Abraham Serfaty. Poliment mais avec fermeté, maître Naciri savait dire non. Comme il savait être sévère mais juste avec ses jeunes confrères. Il pouvait leur prodiguer des conseils patients tout en étant intraitable sur leur tenue, par exemple.
Bureau de classe mondiale
Lui qui fut bâtonnier de Casablanca à deux reprises usait parfois de son autorité en renvoyant les avocats qui tombaient la cravate au tribunal. S’appuyant sur son fils Hicham – certainement le meilleur avocat marocain de sa génération – Mohamed Naciri a transformé un cabinet au prestige local en bureau de classe mondiale. Il en dirigeait la section du contentieux, tandis que son fils conseillait les plus grandes entreprises. Après une association avec le français Gide Loyrette Nouel, Naciri & associés a rejoint le réseau du britannique Allen & Overy, en 2011.
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