L’armée rwandaise aurait possédé des missiles sol-air français à la veille du génocide
Versé jeudi au dossier de l’enquête française sur l’attentat contre Juvénal Habyarimana, un document de l’ONU indique que l’armée rwandaise possédait des missiles français à la veille du génocide de 1994.
Trouvé fortuitement par une journaliste britannique dans les archives de l’ONU, un document indique qu’à la veille du génocide, en 1994, l’armée rwandaise possédait quinze missiles sol-air Mistral, de fabrication française et alors interdits à la vente.
Dans son édition de vendredi, le quotidien français Libération précise que la liste qui révèle la présence de ces missiles a été remise jeudi aux juges Marc Trévidic et Nathalie Poux par les avocats des personnalités rwandaises mises en examen dans cette affaire par le juge Bruguière en 2006. Jeudi était aussi le dernier jour du délai offert à toutes les parties civiles pour commenter ou contester l’expertise balistique rendue publique le 10 janvier dans le cadre de l’enquête des juges français.
Celle-ci indiquait que les tirs de missile du 6 avril 1994 contre l’avion du président Habyarimana – attentat qui est considéré comme le déclencheur du génocide rwandais – émanaient du camp de Kanombe, importante base des Forces armées rwandaises (FAR, loyalistes), jouxtant l’aéroport et la résidence présidentielle au sud-est. Une thèse étayée depuis 2009 par le pouvoir de Paul Kagamé qui dirigeait en 1994 la rébellion tutsie du Front patriotique rwandais (FPR).
"Enfumage constant"
Le document de l’ONU est une mauvaise nouvelle de plus pour les anciens officiers rwandais inculpés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Depuis 1994, ils ne cessent de nier un quelconque rôle dans l’attentat, avec le principal argument qu’ils ne possédaient pas de missiles.
Mais pour Libération, la présence de missiles dans les stocks de l’armée rwandaise n’est pas un élément déterminant de l’enquête en cours du juge Trévidic. Elle incite surtout à se poser des questions « sur l’enfumage constant de ce dossier », selon les propos de Bernard Maingain, l’avocat des officiels rwandais mis en examen.
(Avec AFP)
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