RDC : plusieurs milliards de dollars en biens miniers détournés, selon une ONG
D’importants biens miniers ont été vendus à des prix dérisoires à des sociétés fictives étrangères, assure l’ONG britannique Free Fair DRC dans un rapport rendu publique lundi 28 mai, à Kinshasa. L’ONG appelle la classe politique congolaise à œuvrer pour la transparence du secteur minier.
« Des membres du gouvernement de la RDC, en particulier le président actuel, Joseph Kabila, ont vendu d’importants biens miniers à des prix dérisoires à diverses sociétés fictives étrangères » installées pour la plupart aux Îles vierges, a estimé l’ONG britannique Free Fair DRC dans un rapport rendu public lundi 28 mai, à Kinshasa. En mai dernier, la RDC avait pourtant annoncé la publication de tous les contrats miniers.
« La perte totale pour le peuple de la RDC, au titre des biens perdus ou du manque à gagner, dépasse 5,5 milliards de dollars », a ajouté le parlementaire britannique et président de l’ONG, Eric Joyce, qui a recensé 59 entreprises fictives. Dans une lettre au président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, le représentant à Kinshasa de Free Fair DRC, Herman Nzeza, a appelé les parlementaires à œuvrer pour la transparence du secteur minier. « Vous êtes la voix du peuple congolais. Assurez-vous qu’à l’avenir toutes les ressources soient vendues par un appel d’offres public et mettez fin aux cambriolages », écrit-il.
Le rôle du Parlement
« Le processus de milliards de dollars d’aide qui entrent par la porte officielle pour simplement être perdus en milliards de dollars dans des traités miniers secrets ne fait rien pour aider le peuple congolais », souligne la lettre d’Herman Nzeza.
Pour prévenir les abus, il appelle à la « mise en place d’une commission d’enquête parlementaire sur les personnalités congolaises et étrangères impliquées dans cette prédation » des ressources minières et recommande notamment la création d’un « organisme indépendant de lutte contre la corruption ».
Accueil favorable de l’opposition
« J’ai rencontré les parlementaires de l’opposition et de la majorité pour leur parler de ce problème, mais certains avaient peur des représailles éventuelles s’ils s’impliquaient dans ce sujet sensible. Alors j’ai décidé d’écrire une lettre au président de l’Assemblée pour ouvrir le débat publiquement, a précisé Herman Nzeza. Nous voulons qu’en RDC le Parlement se saisisse du dossier et qu’il enquête aussi sur les personnalités congolaises derrière ces transactions, parce que les citoyens britanniques derrière les entreprises fictives ne le sont pas sans l’aide des Congolais qui sont ici », a-t-il ajouté.
L’initiative de Free Fair a reçu un accueil favorable au sein de l’opposition congolaise. Jason Luneno, député de l’opposition élu à Goma, l’a jugé « très bonne car on se demande pourquoi nous ne sortons pas du bourbier de la pauvreté dans lequel nous sommes plongés depuis plusieurs années, et qui est l’oeuvre de Congolais en train de s’enrichir par des contrats erronés ».
(Avec AFP)
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