Festival de Cannes : Dieudonné, « L’Antisémite » indésirable
Dieudonné n’aura pas les primeurs du festival de Cannes. Le marché du film du Festival de Cannes a obtenu, jeudi 24 mai, l’annulation de la projection de son premier long-métrage, intitulé « L’antisémite ». Un titre on ne peut plus clair pour une « œuvre » dans laquelle la « shoah » est personnifiée en sainte.
Le festival de Cannes a sans doute évité le pire. Après s’être rendu compte, en début de semaine, de la programmation du premier long-métrage de l’humoriste contesté, Dieudonné, le marché du film du festival a demandé, et obtenu jeudi 24 mai auprès de la société iranienne productrice du film, Documentary and Experimental Film Center, l’annulation de la projection.
« Nos conditions générales interdisent en effet la présence de tout film heurtant l’ordre public ou les convictions religieuses, ainsi que les films pornographiques ou incitant à la violence », a expliqué le directeur du Marché du film, Jérôme Paillard, précisant que la société s’était immédiatement exécutée.
"Dans le cadre de la loi"
Dieudonné, qui tient le rôle principal, joue dans ce film un personnage alcoolique et violent, en uniforme nazi, dans un bal costumé. Il y côtoie le négationniste Robert Faurisson, venu spécialement interpréter son propre rôle. Auschwitz tourné en dérision, la Shoah personnifiée en sainte : la panoplie de « L’antisémite » est complète.
Le film ne sera pas diffusé en salles mais commercialisé sur Internet auprès des seuls « abonnés » aux activités de Dieudonné. La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) avait demandé à la justice l’interdiction de diffusion du DVD et le retrait de la bande-annonce postée sur YouTube, disparue depuis. La ligue avait été déboutée, le 10 avril, le tribunal estimant, comme le disait Dieudonné, que ce film était « dans le cadre de la loi ».
"Shoah-Nanas"
Légal donc, le premier long-métrage du controversé « humoriste » devrait rester dans l’anonymat. Quelque 80 minutes où l’on passe d’Auschwitz, représenté comme une succursale du Club Med, aux fours crématoires, présentés comme des restes d’un énorme barbecue entre déportés. Le tout, évidemment, au nom d’un soi-disant humour de second degré, qui se termine en apothéose : les acteurs du film reprenant le « Chaud cacao » d’Annie Cordy, rebaptisé « Shoah-Nanas ».
Avec « L’antisémite », tourné en seulement neuf jours, Dieudonné s’est offert un premier long-métrage symbole de sa dérive. Le festival de Cannes s’est chargé de lui rappeler.
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