Présidentielle égyptienne : le premier tour s’achève dans le calme
Jeudi 24 mai marquait la fin du premier tour de l’élection présidentielle égyptienne, deuxième jour d’un scrutin historique qui se joue entre des islamistes et des caciques de l’ancien régime.
« Nous allons voter sans savoir qui va gagner », se réjouit Noha Hamdi, 27 ans. « Je n’avais jamais voté avant parce que le gagnant était toujours connu d’avance. Cette fois, je sens que mon vote (…) fera une différence », affirme la jeune femme égyptienne.
En ces temps postrévolutionnaires, les Égyptiens ont désormais l’habitude de vivre des moments historiques. Jeudi ils sont retournés aux urnes pour choisir leur futur président. Comme la veille, certains électeurs ont commencé à faire la queue devant les bureaux de vote à 8h heure locale, dans une ambiance bonne enfant. Les résultats du premier tour, qui s’achève jeudi soir, devraient être annoncés en principe le 27 mai.
Dans certains bureaux de vote du Caire, des centaines de personnes attendaient pour mettre leur bulletin dans l’urne, alors que d’autres étaient presque vides.
Alors que le gouvernement a appelé les citoyens à « remplir leur devoir national en cette étape historique (…) afin que la voix du peuple soit entendue », les autorités ont accordé une journée de congé aux fonctionnaires pour qu’ils puissent aller voter.
Près de 52 millions d’électeurs sont ainsi appelés à choisir parmi les 12 candidats à l’élection issus de bords politiques très différents : des islamistes, des laïcs, des partisans de la révolution ou encore des anciens responsables du régime de Moubarak.
Élections sans irrégularités
Parmi les candidats en lice, les principaux prétendants sont Mohamed Morsi, le candidat de la puissante confrérie des Frères musulmans, l’islamiste libéral Abdel Moneim Aboul Foutouh, le dernier premier ministre de Moubarak, Ahmed Chafiq, l’ex-ministre des Affaires étrangères et ancien patron de la Ligue arabe, Amr Moussa, et enfin le nationaliste arabe Hamdeen Sabahi.
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Le ministre de l’intérieur, Mohamed Ibrahim, a indiqué n’avoir relevé que des « contraventions mineures » qui n’ont pas perturbé le déroulement du vote.
L’élection, salué par les États-Unis comme « une étape très importante », doit mettre fin à une période de transition tumultueuse et émaillée de violences meurtrières. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis la chute de l’ancien dictateur Hosni Moubarak, est en effet devenu la cible de la colère des militants et des activistes pro-démocratie. Ces derniers accusent les militaires de poursuivre la politique de répression de l’ancien régime.
La presse égyptienne a de son côté salué un scrutin « libre et historique », se réjouissant de constater que la première journée de vote s’était déroulée dans le calme et la « joie ».
« Que les Égyptiens fassent la queue pour choisir un président de la République et que personne ne soit d’accord sur le nom du futur président, cela veut dire que quelque chose a changé » a ainsi estimé le quotidien indépendant « al-Chourouq ».
Mercredi déjà, la participation avait nettement augmentée à la tombée du jour avec la baisse de la température. La Haute commission en charge de l’organisation de l’élection présidentielle n’a pas encore donné d’estimation, mais le gouvernement a affirmé dans un communiqué que les bureaux de vote « avaient connu une grande affluence. »
Scrutin décisif
L’issue du vote est cruciale pour l’orientation que prendra le pays le plus peuplé du monde arabe, partagé entre la tentation islamiste et celle d’un retour au calme incarné paradoxalement par des personnalités du régime de Moubarak.
A ce jour, les pouvoirs du futur président restent méconnus, la nouvelle constitution du pays, que doit mettre en place le parlement, étant au point mort. Une chose est sûre cependant : le futur chef de l’État devra faire face à une situation économique préoccupante, combinant les inégalités sociales extrêmes héritées de l’ancien régime et le fort ralentissement de l’activité des différents secteurs de l’économie égyptienne.
Le Conseil militaire s’est engagé à remettre le pouvoir à un nouveau président avant la fin juin, mais de nombreux analystes estiment que l’armée, épine dorsale du système depuis la chute de la monarchie en 1952, reste un acteur incontournable de la scène politique.
Quant à l’ancien président, qui a gouverné l’Égypte pendant près de 30 ans, il est hospitalisé dans la banlieue de la capitale égyptienne. Jugé pour la mort de manifestants durant le soulèvement populaire qui l’a poussé à démissionner et accusé de corruption, Hosni Moubarak sera fixé sur son sort le 2 juin. Le parquet a requis la peine de mort.
(Avec AFP)
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