Tunisie : la peine de mort requise contre Ben Ali, jugé par contumace

Le procureur du tribunal militaitre du Kef a requis la peine de mort, mercredi 23 mai, contre le dictateur tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali, jugé par contumace. Une décision qui ne fait pas l’unanimité.

Ben Ali, alors président tunisien, le 22 décembre 2010 à Tunis. © AFP

Ben Ali, alors président tunisien, le 22 décembre 2010 à Tunis. © AFP

Publié le 24 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois depuis sa chute, le 14 janvier 2011, le dictateur tunisien déchu Zine el-Abidine Ben Ali encourt la peine capitale. Le tribunal militaire du Kef (dans le nord-ouest du pays) a recquis la peine de mort pour l’ancien président, accusé de « complicité d’homicides volontaires ». Cette accusation concerne la répression de janvier 2011 à Thala et Kasserine, deux villes emblématiques de la révolution tunisienne.

Le procureur a également requis « les sanctions les plus sévères possibles » à l’encontre de ses 22 co-accusés, des anciens caciques du régime, poursuivis pour la mort d’une vingtaine de personnes dans ces deux villes.

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Les réquisitions du procureur ont provoqué l’étonnement parmi les avocats, et pas seulement ceux de la défense. « Ben Ali n’est pas l’acteur principal de ces homicides, il est poursuivi pour complicité et pourtant le procureur requiert contre lui une peine plus importante que contre ceux qui sont poursuivis pour homicides », a fustigé Abderraouf Ayadi, défenseur d’une des familles de victimes. « Je pense que la justice essaye de trouver un compromis avec les familles des martyrs plutôt que de faire un procès équitable, il n’y a pas de volonté de connaître les véritables responsables », a-t-il déploré.

Du côté de la défense, les réactions ont aussi fusé. « Ce procès ne tient pas sur le fond et sur la forme », a dénoncé Othman Oueslati, avocat d’un autre prévenu, l’ancien ministre de l’Intérieur Rafik Belhaj Kacem, expliquant que son client n’avait « jamais reçu des instructions de Ben Ali pour tuer ».

"Légitime défense"

Au rang des inculpés figurent un autre ex-ministre de l’Intérieur Ahmed Friaâ, l’ancien directeur général de la sûreté Adel Tiouiri, l’ex-chef des brigades spéciales, Jalel Boudriga, ou encore l’ex-chef de la sécurité présidentielle, Ali Seriati.

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Aucun des prévenus n’a reconnu avoir donné l’ordre de tirer sur les manifestants dans les deux villes concernées. Sans mentionner de noms, ils ont un par un renvoyé la responsabilité à une « cellule sécuritaire de suivi » ou à « la salle d’opération » du ministère de l’Intérieur.

Pour autant, des témoignages, au premier rangs desquels celui l’ancien Premier ministre Mohamed Ghannouchi, qui dirigea le premier gouvernement post-Ben Ali, ont mis en cause Ben Ali devant le tribunal.

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Ghannouchi avait notamment assuré avoir appelé Ben Ali le 9 janvier pour lui demander d’arrêter les tirs à balles réelles contre la population à Kasserine. Ben Ali aurait alors justifié l’usage des armes comme une « légitime défense ».

Réfugié en Arabie Saoudite « Zaba » fait l’objet de dizaines d’actions en justice, devant des tribunaux civils ou militaires. Au civil, l’ancien président a déjà cumulé 66 ans de prison, accusé entre autre de détournements de fonds, trafic de drogue et abus de biens publics. Tout comme son épouse Leïla Trabelsi, Ben Ali fait l’objet d’un mandat d’arrêt international, auquel l’Arabie Saoudite n’a, pour l’instant, pas donné suite, malgré les nombreuses demandes d’extradition des autorités tunisiennes.

(Avec AFP)
 

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