Droits de l’homme en Afrique : progrès incertains au Nord, attentes pour le Sud

Amnesty International a rendu public, jeudi 24 mai, son rapport annuel sur l’état des droits de l’homme dans le monde. En ce qui concerne le continent africain, l’année 2011 a été incontestablement celle des pays du Maghreb, où le vent du Printemps arabe poursuit sa course.

Le printemps arabe a bouleversé le paysage politique du continent. © AFP

Le printemps arabe a bouleversé le paysage politique du continent. © AFP

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Publié le 24 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

L’Afrique du Nord et le Moyen-Orient auront été les régions vedettes de l’année 2011. Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, tous ont plié sous le poids des revendications de générations éprises de liberté. Si, dans un premier temps, ces dirigeants ont réagi de manière prévisible en tentant d’étouffer les clameurs sous les balles, ils ont chuté, l’un après l’autre, en quelques mois, bouleversant les équilibres sociaux et politiques dans la région.

Et le séisme a gagné la Syrie où, depuis plus  d’un an, Bachar al-Assad continue de s’accrocher au pouvoir. Selon les Nations unies, fin 2011 déjà, quelque 5 000 personnes avaient été tuées et des milliers avaient été blessées ou arrêtées. Des cas de torture ont également été constatés, notamment chez des enfants, précise le rapport annuel 2012 sur les droits de l’homme d’Amnesty International.

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Si la soif de démocratie a bien balayé, ou fragilisé, les autocraties en place au Maghreb et au Moyen-Orient, la route reste longue et surtout les acquis sont à consolider. En Égypte, le Conseil Suprême des Forces Armées (CSFA) a, certes, autorisé des partis politiques jusque-là interdits, tel que celui des Frères Musulmans, mais l’état d’urgence a été maintenu et la grève est devenue, depuis, une infraction pénale. En Libye, la chute de Kadhafi a porté le Conseil national de transition au pouvoir et des élections locales ont eu lieu. Mais la situation n’est pas pour autant stable. Les dirigeants libyens peinent à contrôler les milices armées et la xénophobie à l’encontre des subsahariens a crû. L’année 2012 sera sans doute au moins aussi importante que celle qui a vu naître le Printemps arabe.

Fermeté en Afrique subsaharienne

Les pays d’Afrique subsaharienne se sont, à de nombreuses reprises, faits l’écho de leurs homologues nord-africains. Selon Amnesty International, « beaucoup des facteurs sous-jacents qui ont conduit aux soulèvements en Afrique du Nord et au Moyen-Orient existent également dans d’autres régions d’Afrique » touchées par la pauvreté, le chômage, la corruption et l’absence des libertés les plus élémentaires. Mais les dirigeants subsahariens ont pour la plupart réagi avec fermeté.

Au Zimbabwe, une quarantaine de militants ont été arrêtés pour le simple motif qu’ils avaient discuté des événements d’Afrique du Nord. En Angola, au Burkina Faso, en Guinée, au Liberia, au Malawi, en Mauritanie, au Nigeria, au Sénégal, en Sierra-Leone et au Soudan du Sud, des manifestations ont été réprimées, parfois avec violence. Les défenseurs des droits humains, mais également les journalistes, ont souvent fait l’objet d’arrestations et de détentions arbitraires. Au Rwanda, certains organes de presse, fermés en 2010, n’ont toujours pas repris leur activité.

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Le poids croissant de la société civile

Parmi les discriminations qui persistent sur le continent, le rapport pointe celles qui visent les homosexuels, régulièrement victimes de violences. Au Cameroun, mais surtout en Ouganda, les cas d’agression sont fréquents. Au Nigeria, le Sénat a adopté une loi interdisant les relations entre personnes du même sexe.

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Certains facteurs incitent toutefois à l’optimisme, comme la réussite de l’élection présidentielle sénégalaise et la sortie réussie d’Abdoulaye Wade. Une croissance économique durable – qui devra être soutenue par une bonne gouvernance – et, surtout, une société civile de plus connectée aux nouvelles technologies de l’information, contribueront à améliorer la situation des droits humains. « Toute la question est de savoir si les dirigeants d’Afrique adhéreront à ces changements », écrit Amnesty International.

 


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