Libye : Paris ouvre une enquête sur la firme française Amesys pour complicité d’actes de torture

La société d’ingénierie française Amesys est visée par une information judiciaire, lancée par le parquet de Paris, pour complicité d’actes de torture en Libye. Une décision qui fait suite à la plainte déposée en octobre 2011 par la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH). Les deux organisations accusent la firme d’avoir fourni au régime de Kadhafi un système de surveillance des communications destiné à surveiller la population libyenne.

Durant la révolution, il était difficile pour les hackers libyens de contourner la censure. © AFP

Durant la révolution, il était difficile pour les hackers libyens de contourner la censure. © AFP

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Publié le 22 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

La Libye de Mouammar Kadhafi s’invite une nouvelle fois dans l’actualité en France. Lundi 21 mai, la FIDH et la LDH ont annoncé dans un communiqué qu’une information judiciaire  avait été ouverte par le tribunal de grande instance de Paris à l’encontre de la société Amesys pour complicité d’actes de torture en Libye. L’enquête a été confiée à la juge Céline Hidenbrandt, spécialisée dans les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides.

Les deux ONG avaient déposé plainte en se constituant partie civile en octobre 2011 « pour des faits commis à travers la fourniture au régime de Kadhafi, à partir de 2007, d’un système de surveillance des communications destiné à surveiller la population libyenne. ». « Nous déplorons qu’il ait fallu attendre sept mois avant qu’une information judiciaire soit effectivement ouverte sur un dossier portant sur des faits aussi graves », a regretté Patrick Baudouin, président d’honneur et coordinateur du groupe d’action judiciaire de la FIDH. « Nos organisations espèrent maintenant que des investigations seront rapidement diligentées, tant en France qu’en Libye, pour établir la responsabilité éventuelle de la société Amesys », a-t-il ajouté.

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Censure, torture

L’affaire Amesys avait été mise au jour, fin août 2011, par le Wall Street Journal, pour qui la société avait équipé, fin 2009, le centre de surveillance de Tripoli avec un système d’analyse du trafic internet (DPI). Celui-ci permettait de contrôler les messages échangés par les Libyens, de les filtrer et de les censurer.

Selon la FIDH, la société d’ingénierie française, spécialisée dans les systèmes sécuritaires et rachetée par Bull en janvier 2010, était en contrat depuis 2007 avec le régime libyen de Mouammar Kadhafi pour la mise à disposition de technologie à des fins d’interception des communications, de traitement et d’analyses de données. Celle-ci, toujours selon la FIDH, « permettait à Kadhafi et son régime de placer sous surveillance toute la population libyenne et notamment les opposants et de les arrêter et les mettre en prison où ils étaient torturés. »

Amesys avait reconnu, dans la foulée de la révélation du Wall Street Journal, début septembre, qu’elle avait effectivement fourni à la Libye du « matériel d’analyse » portant sur des « connexions internet ». Elle avait précisé que l’accord avait été signé dans un contexte de « rapprochement diplomatique » avec le régime des Kadhafi.
 

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