Gouvernement Ayrault : diversité et parité au rendez-vous, Fabius numéro deux du gouvernement

Le nouveau Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a composé mercredi 16 mai le premier gouvernement du quinquennat de François Hollande. Laurent Fabius aux Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian à la Défense, et Manuel Valls au ministère de l’Intérieur ont notamment été nommés. Surtout, François Hollande a tenu sa promesse en privilégiant la parité et la diversité.

Le président du conseil constitutionnel, Laurent Fabius. © AFP

Le président du conseil constitutionnel, Laurent Fabius. © AFP

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Publié le 16 mai 2012 Lecture : 6 minutes.

La composition du nouveau gouvernement français a été annoncée mercredi 16 mai en fin de journée sur le perron de l’Élysée, par le secrétaire général Pierre-René Lemas. Une équipe de transition pour le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, un gouvernement très politique, avec pour but principal de mener la bataille des législatives. Le choix a semble-t-il été ardu et les ajustements de dernière minute nombreux. Initialement prévu à 16H, l’annonce a ainsi été repoussée à 19H30.

Laurent Fabius, numéro deux du gouvernement, hérite des Affaires étrangères. Il sera accompagné de deux ministres délégués dont un au Développement, le Vert Pascal Canfin. Jean-Yves Le Drian devient ministre de la Défense, et Manuel Valls prend le portefeuille de l’Intérieur. Arnaud Montebourg, adversaire de François Hollande lors de la primaire socialiste et hérault du concept de « démondialisation », sera de son côté ministre du Redressement productif. Pierre Moscovici est, quant à lui, ministre de l’Économie des Finances et du Commerce extérieur.

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Les principaux interlocuteurs de l’Afrique

Laurent Fabius, Jean-Yves Le Drian, Pascal Canfin et, à un degré moindre, Manuel Valls, seront les principaux interlocuteurs des pays africains. 

Laurent Fabius, ex-Premier ministre et partisan du non lors du référendum de 2005 sur l’Europe, débarque donc au Quai d’Orsay. Depuis plusieurs mois, ce vieil ami d’Alassane Ouattara – lors de la visite du chef de l’État ivoirien à Paris en février, il avait notamment joué les intermédiaires avec François Hollande – a multiplié les voyages et rencontres avec des dirigeants étrangers. Il s’était ainsi entretenu, en décembre 2011 et février dernier, avec trois présidents africains : le Gabonais Ali Bongo Ondimba, le Togolais Faure Gnassingbé et le Béninois Boni Yayi.

Calquant sa position sur celle de François Hollande, Laurent Fabius a affirmé vouloir « en finir avec la politique des coups, les effets d’annonce sans suite et les méandres de la Françafrique ». Son passage à Libreville, le 14 février, dans le cadre d’une conférence sur la mondialisation et les pays émergents a néanmoins suscité un début de polémique et entrainé de vives réactions de la société civile gabonaise. Au cours de ce voyage, l’ancien Premier ministre de François Mitterrand a rencontré le chef de l’Etat gabonais et évoqué les « excellentes relations entre » les deux pays. « Avoir choisi le Gabon pour effectuer son premier voyage ne témoigne pas, c’est le moins que l’on puisse dire, d’une grande volonté d’en finir avec la Françafrique », avait commenté Jean-Christophe Rufin dans Jeune Afrique.

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L’autre interlocuteur principal des pays africains, Pascal Canfin, ancien journaliste (Alternatives économiques), spécialiste des affaires financières – notamment au Parlement européen où il est député depuis 2009 – et de de la taxe sur les transactions financières, n’a pas d’attaches particulières avec le continent. Ce membre d’Europe Ecologie Les Verts a pourtant été nommé ministre délégué au Développement. Le choix d’un spécialiste de la finance à ce poste est une grande première et pourrait témoigner de la différence notable d’approche que souhaitent insuffler les socialistes dans les relations avec l’Afrique.

Jean-Yves Le Drian, président de la région Bretagne et spécialiste de ces questions au PS, chapeautera de son côté le ministère de la Défense. Ce proche du président français devrait appliquer à la lettre la nouvelle politique de défense que François Hollande souhaite mettre en place et qu’il lui avait demandé de préparer depuis plusieurs mois.

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À l’Intérieur enfin, Manuel Valls, maire d’Évry, était en balance avec François Rebsamen, Monsieur Sécurité au PS. Toujours classé à droite du parti, Manuel Valls estime que le « modèle d’intégration français a subi de sérieux revers » et milite pour la mise en place d’une politique qui prend en compte « les droits des migrants(…) mais aussi les capacités d’accueil » de la France. Lors des primaires socialistes, il s’était dit favorable à la mise en place de quotas migratoires déterminants le nombre d’entrées annuelles par type de qualifications et de métiers. Persuadé que « l’immigration reste un atout pour la France », Manuel Vals s’est en revanche prononcée, comme l’ensemble du PS, en faveur la suppression de la circulaire Guéant sur les étudiants étrangers.

Origines algériennes et marocaines

Autre constat et non des moindres, François Hollande n’est pas revenu sur ses promesses de parité et de diversité avec un gouvernement qui compte 17 hommes et 17 femmes. C’est une grande première. Deux ministres d’origine algérienne (Yamina Benguigui et Kader Arif) et une d’origine marocaine (Najat Vallaud-Belkacem).

Yamina Benguigui entre ainsi au gouvernement en tant que ministre déléguée à la Francophonie et aux Français de l’étranger. La réalisatrice franco-algérienne était depuis 2008 adjointe au maire de Paris chargée des droits de l’homme et de la lutte contre les discriminations. Elle s’était auparavant distinguée par des films consacrés à la mémoire et à l’immigration.

Kader Arif devient ministre délégué aux Anciens combattants. Député européen, né en 1959 à Alger, il a fait ses armes au sein de la fédération socialiste de Haute-Garonne dont il a été le Premier secrétaire. Spécialiste des questions communautaires, il était responsable du pôle "Coopération" lors de la campagne présidentielle de François Hollande.

Enfin, porte-parole remarquée de François Hollande pendant la campagne (après avoir été celle de Ségolène Royal en 2007), Najat Vallaud-Belkacem (34 ans) est nommée ministre du Droit des femmes, porte-parole du gouvernement. Conseillère générale de Montchat, elle est candidate aux élections législatives dans la 4e circonscription de Lyon, une ville où le Front national est arrivé au second tour lors des élections régionales de 2010.

Deux ministres issus de l’Outre-mer

Deux ministres issus des outre-mers, le Guadeloupéen Victorin Lurel et la Guyanaise Christiane Taubira, font leur entrée au gouvernement. La guyanaise Christiane Taubira a été nommée Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Une fonction de renom. « Être ministre ne serait pas le summum de ma vie. Je ne dis pas non, mais j’embrasse le monde depuis très longtemps », avait récemment déclaré cet électron libre, ancienne vice-présdidente du Parti radical. Affirmant être très proche de l’Afrique, elle a rédigé de nombreuses notes dans le but de faire évoluer la politique de la France envers le continent.

Victorin Lurel – et c’est logique puisqu’il est l’un des socialistes les plus importants en-dehors de la métropole – se voit attribuer le portefeuille délégué à l’Outre-Mer. Président du conseil régional de la Guadeloupe depuis 2004 et député de la 4e circonscription de la Guadeloupe depuis 2002, il est passionné par l’économie, le droit et la philosophie et s’intéresse à la politique américaine, en particulier à Barack Obama  puisqu’il a représenté le Parti socialiste français à la Convention démocrate d’investiture de l’actuel président américain, en 2008, à Denver.

Martine Aubry absente

Martine Aubry ne fera, quant à elle, pas partie du gouvernement. La première secrétaire du Parti socialiste l’a affirmé en début de matinée : après la nomination de Jean-Marc Ayrault, pas question pour elle de briguer un poste de "simple" ministre. « Nous avons discuté de cela lundi avec François Hollande. Il m’a dit qu’il avait fait le choix de Jean-Marc Ayrault. Nous sommes convenus que, dans cette configuration, ma présence au gouvernement n’aurait pas de sens », a-t-elle commenté au quotidien Le Monde.

Il semble tout de même que la bataille des primaires – Martine Aubry avait notamment accusé François Hollande d’incarner « la gauche molle »- ait également pesé. Signe de la tension entre les deux personnalités, le secrétariat national du PS, qui se réunissait mercredi matin pour évoquer les prochaines législatives, a mis à l’écart deux "Hollandais" (dont Faouzi Lamdaoui, chef de cabinet de François Hollande pendant la campagne) pour leur préférer deux proches de Martine Aubry dans deux circonscriptions.

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