France – Colonisation : François Hollande épinglé après son hommage à Jules Ferry

Investi ce mardi 15 mai président de la République française, François Hollande a déclenché la polémique en rendant hommage à Jules Ferry. Fondateur de l’école publique gratuite et laïque, l’ancien ministre était aussi un fervent défenseur de la colonisation et des thèses raciales.

Fondateur de l’école républicaine, Jules Ferry est aussi un fervent défenseur des thèses raciale © AFP

Fondateur de l’école républicaine, Jules Ferry est aussi un fervent défenseur des thèses raciale © AFP

Publié le 15 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

Quelques heures à peine après son investiture a la présidence de la République, François Hollande a déclenché sa première polémique. En cause ? Un hommage rendu ce mardi 15 mai à Jules Ferry, devant la statue de l’illustre ministre de la IIIè République, juste après la passation de pouvoir avec Nicolas Sarkozy.

Ancien ministre de l’Instruction publique (1832-1893), instigateur des lois sur l’école « gratuite, laïque et obligatoire », Jules Ferry a transmis un héritage que personne ne saurait renier. Sauf que, dans les médias et sur les réseaux sociaux, les commentateurs se sont hâtés d’évoquer la part sombre de l’homme du XIXè siècle. Fervent défenseur de la colonisation française, adeptes des théories raciales, Jules Ferry a de quoi faire couler beaucoup d’encre.

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Luc Ferry, ministre de l’Education entre 2002 et 2004, n’a pas tardé à rappeler ces réserves sur son homologue (aucun lien de parenté, cependant !) sur les ondes de France Inter. Jules Ferry fut « non seulement un grand colonisateur, mais c’est quelqu’un qui fonde la colonisation sur une vraie théorie raciste. De même qu’il faut éduquer les enfants, il faut éduquer les Africains, c’est ça l’idée », a fustigé l’ancien ministre de Jacques Chirac, dès lundi, en référence au programme de la journée d’investiture du président. « Que @fhollande n’en fasse pas trop avec J.Ferry qui justifiait la colonisation au motif de "races inférieures". Je préfère Clemenceau ! », avait pour sa part asséné Roselyne Bachelot sur son compte Twitter, dès le 12 mai.
Quant au Conseil représentatif des associations noires (CRAN), il avait publié le 13 mai un communiqué : « Certes, François Hollande peut tout à fait saluer en Jules Ferry le fondateur de l’école républicaine, mais il devrait aussi rappeler en même temps la part d’ombre de cet homme, et de toute une partie de l’histoire de France ». 

"Douche froide"

Le chef d’État français a donc tenu à s’expliquer sur cet hommage. « Tout exemple connaît des limites, toute grandeur à ses faiblesses et tout homme est faillible. En saluant aujourd’hui la mémoire de Jules Ferry qui fut un grand ministre de l’Instruction publique, je n’ignore rien de ses égarements politiques. Sa défense de la colonisation fut une faute morale et politique. Elle doit à ce titre être condamnée », a-t-il déclaré via sa page Facebook.

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Si la colonisation française n’avait, à l’époque, que peu de détracteurs, les propos de Jules Ferry ont tout de même marqué l’histoire. Devant la Chambre des députés en 1885, l’homme déclamait un discours resté célèbre sur « Les fondements de la politique coloniale ». Le ministre y déclarait: « Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu’en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures.»

Des phrases qui, en Afrique non plus, n’ont pu être oubliées. « Quelle douche froide » pour « ceux des Africains – et ils sont nombreux – qui ont applaudi la victoire du socialiste François Hollande à la présidentielle française du 6 mai », écrit le journal ivoirien Fraternité-Matin. « En Afrique, l’honneur fait par Hollande à un colonialiste aussi décomplexé que Jules Ferry a ramolli l’enthousiasme de ceux qui voyaient dans l’avènement du deuxième président socialiste (…) un début de démantèlement de la nébuleuse "françafricaine" », fustige le quotidien.

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Fort heureusement pour Hollande, le long programme qui occupait sa première journée de président de la République a rapidement fait oublier ce début de polémique. Les commentateurs ont ensuite pu s’en donner à coeur joie sur la pluie qui s’est abattu sur lui à la sortie de l’Hôtel de ville de Paris, puis sur la foudre qui a fait faire demi-tour au Falcon 7X présidentiel qui l’emmenait à Berlin, à la rencontre de la chancelière Angela Merkel.
 

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