Football – Claude Le Roy : « Le TP Mazembe est un exemple à suivre pour les clubs africains »
Claude Le Roy, sélectionneur de l’équipe nationale de RDC, milite pour une professionnalisation à l’africaine des clubs de football africains. Celle-ci devrait s’inspirer, selon le Français, du mode de fonctionnement du club star du pays, le TP Mazembe.
Claude Le Roy, la RDC s’est dotée cette année d’un championnat professionnel à quatorze équipes. Part-il sur de bonnes bases ?
Bien sûr. La Linafoot (Ligue Nationale de Football) a eu raison de tenter cette expérience. La RDC avait besoin d’un championnat structuré et lisible. Le projet est viable, malgré l’immensité du territoire du pays, avec tout ce que cela suppose comme difficultés pour se déplacer. Maintenant, ce championnat va avoir besoin de ressources. En RDC, il y a un potentiel public énorme. C’est aussi le cas pour les sponsors. J’ai mis en contact un gros sponsor avec la Linafoot. J’espère que cela va aboutir prochainement.
EN RDC, il y a le TP Mazembe et les autres…
Le TP Mazembe est un exemple à suivre, non seulement pour les clubs de la RDC, mais aussi pour les autres en Afrique. Certes, Moïse Katumbi a des moyens. Mais c’est aussi un visionnaire et un bâtisseur. Il n’est pas dans la culture de l’urgence. Il ne va pas virer son entraîneur au bout de trois mauvais résultats. Il structure son club, à tous les niveaux : administratif, médical, technique, au niveau des équipements. Il a construit un nouveau stade ( qui sera inauguré cet été, NDLR) sur fonds propres.
Pourquoi cet exemple n’est-il pas davantage suivi ?
C’est une question de volonté. Il y a dans ce pays des clubs comme l’AS Vita Club, Motema Pembe, tous les deux à Kinshasa, qui sont des noms qui comptent en Afrique. Avec leur potentiel, ils pourraient faire partie des meilleurs du continent africain. À l’AS Vita Club, Denis Goavec, l’entraîneur français qui était là depuis trois mois, a été limogé à la suite d’une élimination en Ligue des Champions. Mais aussi parce qu’il avait critiqué le stage effectué au Brésil, où, pendant plus d’un mois, il n’a pas pu entraîner son équipe, parce que ce sont des brésiliens qui le faisaient ! Est-ce normal ? Je me bats pour que les clubs soient plus professionnels. S’ils le sont, la sélection nationale en profite.
Mais les footballeurs africains chercheront malgré tout toujours à partir en Europe…
Pas forcément. Si on développe un professionnalisme à l’africaine, en tenant certes compte des difficultés du continent, de ses réalités, on incitera les joueurs africains à rester. S’ils ont de bonnes conditions de travail, des salaires intéressants, ils ne voudront pas tous s’expatrier.
Vous avez initié un programme de détection et de formation. Quel est le premier ressenti ?
Ce programme concerne les moins de 20 ans et les moins de 17 ans. Nous tentons de dénicher les talents dans toutes les provinces. On se déplace avec Sébastien Migné, mon adjoint, et on demande aux éducateurs locaux de nous signaler les meilleurs, qui participent à des regroupements à Kinshasa. Avec le Nigeria, la RDC est le pays qui dispose du meilleur réservoir de jeunes. Il faut créer un environnement d’excellence partout. Les moyens commencent à être mis, mais l’aide de l’État est indispensable.
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Propos recueillis par Alexis Billebault
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