Sida : un traitement préventif pourrait être mis en vente

Des experts ont recommandé, jeudi 10 mai, la mise sur le marché d’un traitement préventif contre le Sida, malgré les craintes de certaines associations. Ces dernières redoutent que la mise en vente d’un tel médicament implique des comportements sexuels plus risqués.

Un flacon et des comprimés de Truvada. © Justin Sullivan/Getty Images/AFP

Un flacon et des comprimés de Truvada. © Justin Sullivan/Getty Images/AFP

Publié le 11 mai 2012 Lecture : 3 minutes.

Par une large majorité, un comité d’experts a recommandé, jeudi 10 mai, à l’Agence américaine des médicaments (FDA), la commercialisation du Truvada, premier traitement préventif contre le sida produit par le laboratoire américain Gilead Sciences. La FDA n’est pas tenue de suivre les recommandations de ce comité, mais elle les entérine le plus souvent. La décision devrait être prise d’ici le 15 juin.

Le vote des experts concernait trois sous-questions. Par 19 voix contre 3, les 22 experts ont recommandé l’autorisation du traitement préventif pour les hommes homosexuels séronégatifs.

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Par 19 voix contre 2 et une abstention, ils se sont prononcés pour la vente du Truvada aux couples hétérosexuels dont l’un des partenaires serait séropositif.

Enfin, par 12 voix contre 8 et 2 abstentions, ils ont validé la commercialisation aux « autres individus risquant d’être infectés en raison de leurs activités sexuelles. »

L’efficacité préventive du Truvada a été mise en évidence par les résultats d’un vaste essai clinique, mené de juillet 2007 à décembre 2009 dans six pays, dont le Brésil, l’Afrique du sud et les États-Unis, et financé en grande partie par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH). Il avait alors réduit de 44% le risque d’infection chez les hommes homosexuels, qui utilisaient aussi des préservatifs.

Une seconde étude clinique a montré que le Truvada diminuait de 75% le risque d’infection en ce qui concerne les couples hétérosexuels, dont un des partenaires étaient atteint de la maladie.

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Le Truvada, combinaison de deux antirétroviraux, est déjà prescrit pour des personnes infectées par le VIH, le virus de l’immunodéficience humaine responsable du sida. Le coût du médicament varie entre 12 000 et 14 000 dollars par an.

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Le vote est venu clore une longue journée de présentations et de délibérations. Une quarantaine de personnes, dont des médecins et des infirmières soignant des séropositifs, des représentants d’organismes privés engagés dans la lutte contre le sida, et des personnes infectées par le VIH étaient venues témoigner devant le comité.

Une majorité s’est déclarée hostile à la commercialisation du Truvada.

« Je suis préoccupée par le danger de voir se développer une résistance au Truvada », qui est déjà utilisé pour traiter les séropositifs, a ainsi affirmé Roxanne Cox-Iyamu, médecin en charge de personnes infectées par le VIH.

Karen Haughey, infirmière, a de son côté affirmé que le traitement ne marcherait pas car il n’est pas de la nature humaine « de faire 100% de qui est recommandé. » Elle faisait référence au fait que les comprimés Truvada, pour être efficace, devaient être pris quotidiennement.

« Nous avons besoin d’un tel traitement car aux Etats-Unis, nous avons encore 50 000 nouveaux cas d’infection chaque année, surtout parmi les hommes homosexuels et nous n’avons pas eu beaucoup de succès ces dernières années pour réduire ce nombre » a cependant souligné, avant le vote, le docteur Anthony Fauci, directeur de l’Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID).

« De ce fait, tout médicament préventif est important » a précisé Fauci, dans un entretien avec l’AFP, insistant sur le fait que le Truvada « ne devait pas être utilisé pour se substituer aux autres méthodes de prévention existantes, dont le préservatif.

Une étude américaine, publiée en avril, a montré que la prescription d’antirétroviraux à titre préventif à des hommes homosexuels risquant fortement de contracter le virus de sida (c’est-à-dire ayant plus de cinq partenaires par an) serait économiquement rentable et réduirait la propagation de l’infection.

(Avec AFP)

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