Manifestations en Guinée : le pouvoir prêt à employer la force

Face à la résurgence de manifestations publiques de l’opposition pour la tenue de législatives crédibles, le pouvoir guinéen compte désormais employer la force dans les rues. Un bras de fer qui fait planer le spectre de nouvelles violences politiques.

Des opposants affrontent la police à Conakry, le 10 mai. © AFP

Des opposants affrontent la police à Conakry, le 10 mai. © AFP

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Publié le 11 mai 2012 Lecture : 1 minute.

Jeudi 10 mai, Kaloum (centre administratif de Conakry). Bâtiments administratifs vides, commerces fermés, rues désertes. Autre quartier, autre ambiance à Bambéto. Dans ce quartier où partent la plupart des contestations sociopolitiques, des manifestants brûlent des pneus sur la voie publique, et se dirigent vers le stade où Cellou Dalein Diallo et Sidya Touré (principaux leaders de l’opposition) animent un meeting. En une journée, Conakry et d’autres villes du pays ont renoué avec les manifestations publiques souvent violentes. Bilan à Conakry : vingt-quatre opposants et dix-sept gendarmes blessés.

L’opposition avait appelé à manifester après le report sine die décidé par le président Alpha Condé, des législatives fixées au 8 juillet prochain par Louncény Camara, le très contesté président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Après avoir laissé l’opposition manifester jeudi, le pouvoir guinéen a changé le ton de son discours. Alhassane Condé, ministre de l’Administration du territoire, a appelé les maires des communes de Conakry à « empêcher par tous les moyens tout attroupement dans leurs quartiers » ce vendredi 11 avril. Une fermeté rejetée par l’opposition qui compte maintenir la pression dans les rues jusqu’à ce que le pouvoir accepte « un dialogue franc » en vue de l’organisation de législatives transparentes.

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Inquiétudes

Le succès de la manifestation de jeudi s’explique en partie par le découragement qui gagne davantage les Guinéens. Coût de la vie, chômage et manque d’électricité se mêlent au blocage du dialogue politique. Un contexte qui rend ce nouveau bras de fer inquiétant. D’autant plus que le temps passe, le parlement devait être élu au plus tard six mois après la prestation de serment d’Alpha Condé, fin décembre 2010.

Si les violences politiques s’amplifient, le pire serait une ré-intrusion de l’armée dans le débat politique. Un scénario que redoutent les Guinéens qui ont encore en mémoire la gestion calamiteuse du général Lansana Conté et du capitaine Moussa Dadis Camara. Nous n’en sommes pas encore là.

 

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