Révolution tunisienne : les syndicats de policiers dénoncent une justice de « boucs émissaires »
Les policiers tunisiens sont-ils les boucs émissaires de la justice militaire pour les tueries de la révolution ? C’est ce qu’ont affirmé mercredi leurs syndicats, qui s’en prennent particulièrement au dernier ministre de la Défense de Ben Ali, Ridha Grira.
Les syndicats de policiers relèvent la tête après fait profil bas dans l’année qui a suivi la chute de Ben Ali. Regroupés au sein de l’Union nationale des syndicats des forces de sûreté tunisienne (Unsfst), ils ont dénoncé mercredi 9 mai des procès « politiques et populistes » contre des agents de sécurité tenus par la justice mlitaire qui souhaite selon eux faire des « boucs-émissaires ».
Ils ont aussi accusé le dernier ministre de la Défense de Ben Ali, Ridha Grira, d’être « responsable » de la mort des Tunisiens tombés durant les jours qui ont suivi la fuite du président déchu le 14 janvier 2011. « Nous sommes déterminés à défendre les agents condamnés sans preuve par la justice militaire dans des procès politiques et populistes », a déclaré Montassar El-Matri, secrétaire général de l’Unsfst.
"Condamnations sans preuves"
« Nous ne permettrons pas qu’on en fasse des boucs-émissaires à des fins politiques », a-t-il ajouté dénonçant des « irrégularités » et des « condamnations sans preuves, sans analyse balistique », selon lui. « Nous avons perdu confiance dans la justice militaire », a renchéri Imed Belhaj Khlifa, porte-parole de l’Union, appelant à une « garantie internationale pour la neutralité et l’indépendance des tribunaux ».
Fin avril, deux agents ont été condamnés à 20 ans de prison chacun pour la mort par balle d’un jeune civil à Kerkennah. « Comment deux hommes peuvent-ils être condamnés pour une seule balle et un seul tué ? », s’est-il interrogé. L’Unsfst compte porter plainte contre Ridha Grira afin de « lever le voile sur les responsables de crimes commis » durant la révolution, accusant ce ministre des dérapages sécuritaires qui ont semé la terreur parmi la population après la fuite de Ben Ali en Arabie Saoudite.
Forces de sécurité visées
Quelque 338 Tunisiens ont été tués et 2 174 blessés durant le soulèvement populaire, selon un premier bilan officiel provisoire tunisien publié vendredi dernier. Selon ce bilan établi par la Commission nationale d’investigation sur les abus commis depuis le 17 décembre 2011, date du déclenchement du soulèvement 66% des personnes ont été tuées par balles et les forces de sécurité sont responsables de 79% des cas de décès.
Les syndicats ont en outre accusé Ridha Grira d’avoir orchestré la diffusion, via les médias, de fausses informations « pour créer le chaos et empêcher la passation du pouvoir dans l’espoir de faire revenir Ben Ali », a dit Anis Mogaadi, porte-parole du syndicat de la sécurité présidentielle et des personnalités officielles.
Selon les syndicats, ce rumeurs portaient sur des affrontements entre l’armée et la police, sur des tireurs d’élite, des milices, des ambulances tirant sur la population. Le capitaine Ryadh Somrani, expert en balistique, a assuré que « ni la police ni l’armée ne disposaient d’armes pouvant être utilisées par des +snipers+ ». Dans son rapport, la commission d’investigation nationale a affirmé qu’il s’agissait de personnels de la sécurité.
(Avec AFP)
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