Législatives 2012 : les Algériens votent, taux de participation décisif
Ce jeudi 10 mai, quelque 21 millions d’Algériens ont rendez-vous avec l’isoloir pour les élections législatives. Dans les 48 546 bureaux de vote du pays, les électeurs sont appelés à élire leurs représentants à la proportionnelle à un tour. Le taux de participation sera décisif pour faire pencher la balance du côté des partis traditionnels ou des islamistes dont on annonce la poussée. Les réformes engagées par Abdelaziz Bouteflika après le Printemps arabe et la présence historique de 500 observateurs étrangers suffiront-ils à convaincre les électeurs ? Réponse ce soir.
Les Algériens ont commencé à voter. Le pays est-il à un tournant de son histoire ? Certains analystes estiment qu’un raz-de-marée islamiste va déferler sur le pays à l’occasion de ces législatives du 10 mai. D’autres jugent en revanche que rien ne va fondamentalement bouger. Sans prendre de risque, on peut cependant présumer que tout dépendra de la mobilisation des Algériens, la grande inconnue de ce scrutin qui pourrait bouleverser la donne dans le pays.
La dernière ligne droite de la campagne s’est déroulée dans l’indifférence générale. Un constat qui pourrait augurer d’un faible taux de participation, d’autant que lors des dernières élections de 2007, l’absention avait atteint le record de 64% en raison des fraudes répétées depuis l’ouverture du pays au multipartisme en 1989.
Incertitudes
Les jeunes se mobiliseront-ils pour changer la génération au pouvoir, qui "a fait son temps", comme l’a lui-même reconnu Bouteflika ?
Une faible participation avantagerait-elle les partis traditionnels, Front de libération national (FLN, au pouvoir depuis 1962) en tête ? Pas sûr, car le parti du président Abdelaziz Bouteflika traverse une crise majeure, le leadership de son leader Abdelaziz Belkhadem ayant été une nouvelle fois remis en cause, juste avant le scrutin. Pour quelle raison les quelque 21 millions d’électeurs, notamment les jeunes, pouraient-ils se mobiliser ? La volonté de changer la génération politique au pouvoir, qui « a fait son temps », comme l’a lui-même reconnu Abelaziz Bouteflika ? Encore faudrait-il que la suivante incarne leurs espoirs et leurs ambitions… Ce qui est loin d’être gagné d’avance.
Le scrutin comporte tout de même plusieurs avantages du point de vue de l’électeur algérien. D’abord, il se déroule à la proportionnelle à un tour, ce qui doit conduire à une Assemblée la plus représentative possible – sauf en cas d’abstention massive… Les 48 546 bureaux de vote sont ouverts de 8 heures locales (7 heures GMT) à 19 heures. Les résultats sont attendus vendredi mais la participation devrait être connue dès jeudi soir. Au total, 24 916 candidats dont 7 700 femmes – un record – sont en lice au sein de 44 partis, dont sept islamistes, 21 nouvelles formations – de quoi attirer peut-être des électeurs – et des indépendants pour 462 sièges (contre 389 dans la précédente assemblée qui ne comptait que 59 islamistes).
Pas d’accès au fichier central
Autre point positif : le processus électoral est contrôlé de bout en bout par le pouvoir judiciaire, et le scrutin pourrait être le plus transparent que l’Algérie a connu, Bouteflika ayant convié pour la première fois des observateurs étrangers, au nombre de 500, venant de l’Union européenne, de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI), de la Ligue arabe, de l’Union africaine, de l’ONU et même d’ONG américaines. L’UE n’a cependant pas obtenu que ses 150 observateurs aient accès au fichier électoral national, Alger prétextant qu’il contenait « des informations confidentielles ». Les portes du fichier par département leur seront en revanche ouvertes.
Outre le FLN, les principaux partis à se disputer le vote des électeurs sont les islamistes, dont trois sont réunis au sein d’une « Alliance verte ». Puis vient le Rassemblement national démocratique (RND) du Premier ministre sortant Ahmed Ouyahia, qui veut « préserver la stabilité de l’Algérie ». En face, le plus vieux parti d’opposition, Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Aït Ahmed, revient dans l’arène électorale après 10 ans de boycott. Son vieux rival, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Saïd Sadi boycotte le vote, le jugeant comme une « insulte au malheur algérien ».
(Avec AFP)
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Politique
- Le livre « Algérie juive » soulève une tempête dans le pays
- L’Algérie doit-elle avoir peur de Marco Rubio, le nouveau secrétaire d’État améric...
- Au Bénin, arrestation de l’ancien directeur de la police
- Maroc-Algérie : que contiennent les archives sur la frontière promises par Macron ?
- En Algérie, le ministre Ali Aoun affaibli après l’arrestation de son fils pour cor...