Législatives algériennes : chronique d’une abstention annoncée

La campagne des législatives s’achève ce samedi 5 mai. Avec 25 000 candidatures à la députation, sur place on redoute une abstention record pour une campagne qui, malgré les efforts de certains candidats, n’est jamais parvenue à passionner les Algériens.

Des affiches des candidats aux élections législatives algériennes. © AFP

Des affiches des candidats aux élections législatives algériennes. © AFP

Publié le 5 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Habituellement, la campagne électorale pour un scrutin législatif dure trois semaines, soit 21 jours. Celle de 2012 a été amputée d’une journée. Entamée le 15 avril, la campagne des législatives algériennes s’est achevée le 4 au lieu du 5 mai. Pourquoi ? « Pour épargner le citoyen d’une journée supplémentaire de discours creux et de vaines promesses » disent les mauvaises langues. « Pour permettre à notre communauté à l’étranger d’entamer plus tôt les opérations de vote » explique-t-on à la direction des libertés publiques (oui, cela existe !) au ministère de l’Intérieur.

Courte ou pas, la campagne électorale pour le scrutin du 10 mai ne laissera pas de souvenirs impérissables. Les 44 partis, l’Alliance (Algérie verte regroupant trois formations islamistes) et les 183 listes indépendantes ont, durant ces vingt derniers jours, développé les mêmes slogans, tenus les mêmes propos lénifiants et fait les mêmes constats. « Le changement ? c’est nous » répétaient à l’envi les candidats à la députation. Y compris ceux qui briguent un troisième, voire un quatrième mandat.

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Performances

Insipide ou non, la campagne qui s’achève a permis à certains leaders politiques de sillonner le pays profond. Ainsi, le Premier ministre Ahmed Ouyahia, par ailleurs patron du Rassemblement national démocratique (RND, seconde force politique du pays) a accompli un véritable marathon : 46 wilayas (préfectures) sur les 48 que compte un territoire vaste de plus de 2 millions de kilomètres carré. « Une performance qu’il n’a jamais réalisée en tant que Premier ministre » raille un de ses détracteurs. Les autres « vedettes » du monde politique à l’instar d’Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, Louisa Hanoune, trotskiste en chef, ou Bouguerra Soltani, saint patron des Frères musulmans noyés dans l’Alliance de l’Algérie verte, ont tous avalé beaucoup d’asphalte et de poussière. Petits ou grands, anciens ou nouveaux, les partis engagés dans la compétition ont tous insisté sur la participation, redoutant la forte abstention annoncée.

Pourtant l’équation semble simple. Dans les starting-blocks de la course au Palais Zighoud Youssef, on compte pas moins de 25 000 candidats et candidates à la députation pour un corps électoral évalué à un peu pus de 21 millions d’électeurs. Si chaque postulant était en mesure de mobiliser 500 votants, la participation serait de l’ordre de 60%. Mais il ne faut pas rêver. Les candidats n’arrivent pas à convaincre leurs proches parents et amis d’aller aux urnes le 10 mai. C’est dire la forte abstention qui s’annonce.

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Par Cherif Ouazani, envoyé spécial à Alger

 

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