Législatives algériennes : campagne morose, le pays se passionne pour la présidentielle française

Avec des calendriers électoraux concordants, on pourrait penser que les Algériens se détourneraient de la présidentielle française. Or il n’en est rien, jugeant la campagne des législatives soporifique, les Algériens francophones se passionnent massivement pour la course à l’Élysée.

Le 15 février, Abdelaziz Bouteflika annonce des réformes à la télévision, sans convaincre. © AFP

Le 15 février, Abdelaziz Bouteflika annonce des réformes à la télévision, sans convaincre. © AFP

Publié le 4 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Comparaison n’est pas raison mais en l’occurrence, le fait n’est pas anodin. Le débat entre les deux finalistes de la présidentielle française, Nicolas Sarkozy et François Hollande a été beaucoup plus suivi et commenté par les Algériens que les meetings soporifiques de la campagne électorale pour les législatives de leur propre pays. Cet intérêt de l’opinion – dans les campagnes ou dans les villes, nantie ou zawaliya, miséreuse – pour la chose politique française ne tient pas uniquement à l’indigence des propos tenus de ce côté-ci de la Méditerranée.

"Inconsistance"

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Avec près de 20 millions de locuteurs, soit 60% de la population, l’Algérie est, d’un point de vue démographique, le deuxième pays où l’on parle le plus le français dans le monde. Les chaînes de télévision hexagonales y réalisent de respectables parts d’audience. « C’est en regardant les émissions politiques sur France Télévision ou sur les chaînes info de TNT (accessibles en Algérie contre un abonnement pirate, NDLR), que l’on réalise le degré d’inconsistance de notre classe politique », assure Moncef, étudiant en médecine à Oran. Hasard du calendrier, législatives algériennes et présidentielle française coïncident depuis le changement constitutionnel qui a réduit le mandat présidentiel d’un septennat à un quiquennat. « Depuis 2002, se souvient Abdessalam, 67 ans, retraité de la fonction publique, ce phénomène est récurrent. L’Algérien montre plus d’enthousiasme pour la course à l’Élysée que celle du Palais Zighoud Youcef (qui abrite l’Hémicycle de l’APN, NDLR). »

Hollande favori

Autre hasard de calendrier : en 2012, les deux campagnes s’achèvent le même jour, le 4 mai à minuit. S’ils semblent soulagés d’être débarrassés des insipides clips diffusés par les médias publics, les Algériens regrettent déjà « la cessation des hostilités » en France. En matière de pronostics, les faveurs des Algériens vont vers la candidat socialiste François Hollande. Officiels ou simples citoyens semblent convaincus de la défaite du sortant. Et s’ils n’en sont pas certains, ils la souhaitent. Pourquoi ? « Le jour de l’annonce du décès de Ben Bella (ancien président algérien, NDLR) au moment où Hollande rendait hommage au disparu, Niolas Sarkozy s’en prenait aux émigrés d’origine algérienne », déplore Abla, 32 ans, biologiste à Blida.

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Par Cherif Ouazani, envoyé spécial à Alger

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