Soudans : « bonne résolution » et accusations de bombardements entre Juba et Khartoum
Malgré la résolution de l’ONU adoptée mercredi 2 mai et qui prévoyait une cessation des hostilités sous 48 heures, la tension ne retombe pas entre les deux Soudans. Si Juba et Khartoum ont tous deux assuré qu’ils acceptaient le texte onusien, le Sud a accusé le Nord, dès le lendemain, d’avoir bombardé l’état frontalier d’Unité. De son côté, Khartoum a déclaré se réserver le droit de répondre à toute agression.
L’unanimité du Conseil de sécurité des Nations Unies ne semble pas avoir apaisé les tensions qui règnent entre le Soudan et son voisin du Sud. Ce dernier a en effet accusé, jeudi 3 mai, Khartoum d’avoir lancé des bombardements contre son état pétrolifère d’Unité.
Les avions soudanais « ont largué des bombes et leur artillerie a tiré en direction d’une base SPLA (l’armée sud-soudanaise) », a affirmé le porte-parole de l’armée sud-soudanaise, Philip Aguer. « C’est un signe qu’ils se préparent pour une attaque au sol. » « Six bombes larguées par des chasseurs MiG ont touché une position sud-soudanaise à Panakuach, vers la ligne de front où s’affrontent les armées soudanaises et sud-soudanaises depuis fin mars », a-t-il également assuré.
Selon lui, d’autres bombardements auraient également touché la base de Lalop où les soldats de Juba ont creusé des tranchées ces dernières semaines en prévision d’une attaque. Khartoum continue de son côté de nier toute implication.
"Une bonne résolution" cependant non respectée
Mercredi, les deux capitales avaient pourtant réagi favorablement à l’adoption à l’unanimité de la résolution de l’ONU demandant une cessation des hostilités sous 48 heures. « C’est une bonne résolution, car elle va sanctionner ceux qui n’acceptent pas la décision et la feuille de route de l’UA (Union africaine) (…) ce que nous avons déjà fait de notre côté », avait ainsi réagi le ministre sud-soudanais de l’Information, Barnaba Marial Benjamin.
Dans le même temps, le ministère des Affaires étrangères avait annoncé dans un communiqué que « le gouvernement du Soudan accueille favorablement la résolution du Conseil de sécurité émise mercredi », tout en réservant le droit de repousser toute incursion sur son sol.
Une question de brut
La résolution apparaît donc comme insuffisante aux yeux du Sud. « Je ne pense pas que Khartoum va s’arrêter juste parce que l’ONU le souhaite. Ils ont toujours nié les bombardements, mais alors qui bombarde ? Sans observateurs pour mettre les responsables au pied du mur, je doute que cela les arrête », a déclaré Philip Aguer.
Les tensions n’ont cessé de s’intensifier entre les deux voisins depuis l’indépendance du Soudan du Sud, en juillet 2011, sur fond de différends frontaliers et de désaccord sur le partage des revenus pétroliers. Fin mars, d’intenses combats ont touché l’état d’Unité et celui, soudanais, du Kordofan-Sud, autour de la ville pétrolifère d’Heglig, situé au Soudan. Celle-ci a été brièvement prise par les troupes soudanaises le 10 avril avant que la pression internationale et l’action de l’armée soudanaise n’obligent Juba à se retirer de cette région d’une extrême importance : Khartoum, qui a perdu les trois quarts de ses ressources pétrolières à la partition du Soudan, en tirait, avant les récents combats, au moins la moitié de sa production de brut.
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