Béchir Salah Béchir : l’homme qui embarrasse Sarkozy et Fillon
À quelques jours du second tour de la présidentielle française, le Premier ministre François Fillon est revenu sur les accusations du site Mediapart selon lesquelles Mouammar Kadhafi aurait financé la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Difficile néanmoins de dissimuler un personnage encombrant : Béchir Salah Béchir, l’ancien chef de cabinet du « Guide » libyen, réfugié à Paris sous protection française et recheché par Interpol.
Serait-il l’épine dans le pied de Nicolas Sarkozy à quelques jours du second tour de la présidentielle française, dimanche 6 mai ? Béchir Salah Béchir est en tout cas au centre des attentions, en attendant de se retrouver un jour, qui sait, sous le feu des projecteurs. Ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi et président du Libyan Africa Investment Portfolio (LAP), il séjourne actuellement à Paris après avoir été exfiltré de Libye grâce à l’intervention directe de Claude Guéant, ministre de l’Intérieur français, et de Bernard Squarcini, le patron des renseignements de l’Hexagone, comme l’avait révélé Jeune Afrique.
Or, son nom est apparu samedi 28 avril dans un document publié par le site d’informations Mediapart, selon lequel un accord aurait été trouvé en 2006 pour un financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy l’année suivante par le régime libyen de Mouammar Kadhafi… à hauteur de 50 millions d’euros, alors que le plafond des dépenses des candidats au second tour était limité à moins de 14 millions d’euros.
Passeport fantôme
L’Élysée, qui a crié à la manipulation et à l’infamie, a aussitôt affirmé son intention de déposer plainte contre Mediapart estimant que ce document était un faux. Une thèse que Nicolas Sarkozy et François Fillon ont étayé en s’appuyant sur les déclarations du signataire présumé du courrier, Moussa Koussa, ancien chef des services secrets libyens, et sur le destinataire de la lettre en question, Béchir Salah Béchir, qui ont tous les deux démenti leur implication.
La sincérité de ce dernier, au moins, peut cependant poser problème, au vu de son lieu de résidence actuelle, Paris. Pour François Fillon, la France accorde en effet sa protection à l’ancien dignitaire libyen uniquement au titre de l’immunité diplomatique, puisque celui-ci disposerait « d’un passeport diplomatique du Niger. »
"Aucune trace d’un mandat d’arrêt international" ?
Or le ministère des Affaires étrangères nigérien est rapidement venu mettre à mal l’argument du Premier ministre français. Selon Niamey, Béchir Saleh Béchir n’est actuellement plus en possession du précieux sésame, qu’il aurait restitué depuis mars dernier. La France n’aurait donc, à ce titre, aucune obligation légale à l’encontre de l’ex-directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi. D’autant que, alors que François Fillon a affirmé qu’il n’y avait « aucune trace d’un mandat international » visant Béchir Salah Béchir, ce dernier se trouve également dans le viseur d’Interpol.
L’organisation a en effet publié une notice rouge, consultable sur Internet, à son encontre. Or, ce document est utilisé pour demander l’arrestation en vue d’extradition d’individus recherchés par un État ou une juridiction internationale. Si elle n’est donc que le relais d’un mandat d’arrêt, national ou international, elle garde une valeur juridique certaine pour les pays membres d’Interpol, au rang desquels figure évidemment la France. L’affirmation de François Fillon n’est donc théoriquement pas fausse. Toute la question est de savoir pourquoi l’État français préfère aujourd’hui ignorer la demande d’Interpol…
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