Présidentielle française : à Alger, un calendrier de vote décalé
En une du quotidien de référence El Watan, dimanche 22 avril 2012, les portraits des dix candidats au premier tour de l’élection présidentielle française avec un titre sur quatre colonnes : « La France retient son souffle ». L’Algérie aussi, a-t-on envie d’ajouter.
En pleine campagne des législatives, prévues le 10 mai, la politique nationale n’intéresse pas vraiment les Algérois. L’évènement qui anime les discussions de ce dimanche matin – jour de reprise pour cause de week-end décalé –, c’est plutôt la victoire, la veille, du Real Madrid contre le rival FC Barcelone. L’équipe de Benzema, et de Zidane, est quasiment assurée de gagner le championnat espagnol cette année.
Dimanche, jour travaillé qui risque de décourager les électeurs, l’élection présidentielle française semble en tout cas intéresser les quelques 13 000 inscrits au Consulat général de France à Alger. Situé dans le quartier résidentiel de Hydra, il accueille les cinq bureaux de votes de la capitale. Une forte affluence dès 8h pour ceux qui doivent aller au travail, mais jusqu’à 11h30, les files d’attentes modestes en dehors du bâtiment s’allongent dans la grande salle, spécialement équipée pour l’occasion : isoloirs flambant neufs, traditionnelles piles de bulletins, parfaitement alignées et les assesseurs, tout sourire, qui obturent l’urne avec le code électoral. Le Consul général de France Michel Dejaegher observe avec satisfaction le tranquille déroulement du scrutin. « Cela fait près d’un an que nous avons commencé les préparatifs », explique-t-il, apparemment soulagé.
"A voté !"
Parmi les votants, une majorité apparente de binationaux et des expatriés, avec une forte présence des fonctionnaires. Quelques foulards discrets parmi les mines sérieuses qui se pressent tranquillement. « Nous avons envie de faire entendre notre voix, parce que nous sommes des citoyens français. », glisse tout simplement une jeune femme. « A voté ! », s’exclame un autre au moment de saluer un ami qui vient aussi s’acquitter de son « devoir civique ».
Mais généralement, tout se passe dans le calme, comme par pudeur « républicaine », ou peut-être par souci d’afficher une gravité. « La campagne a été tellement agressive que beaucoup veulent déjà se projeter dans l’avenir. Il sera difficile de tenir toutes les promesses. », argumente cet électeur.
Changement.
Une grande partie de la presse algérienne, qui en a suivi les débats, s’est indignée de l’irruption du halal dans la campagne, puis de la polémique autour de Mohamed Merah, l’auteur des assassinats de Toulouse et Montauban, français d’origine algérienne et… d’ « apparence musulmane ». « Ici, beaucoup de ceux qui avaient accueilli avec bienveillance l’élection de Nicolas Sarkozy, en 2007, n’ont aujourd’hui qu’une seule envie : qu’il parte ! », explique ce quinquagénaire.
Alors, Sarkozy battu, déjà ? Ici personne ne se risque à un pronostic. Tout dépend aussi du taux de participation. Il y a cinq ans, à peine 20% des inscrits avait finalement participé au vote dans toute l’Algérie, un chiffre à comparer aux 60% enregistrés la même année au Maroc.
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