Andris Piebalgs : « L’enveloppe de l’UE pour la Côte d’Ivoire s’élève à 500 millions d’euros en 2012-2013 »
À l’issue d’une visite de deux jours à Abidjan, les 17 et 18 avril 2012, le commissaire au Développement de l’Union européenne (UE), Andris Piebalgs, a confié à Jeune Afrique qu’il était globalement satisfait de la reprise économique en Côte d’Ivoire. Mais pour le diplomate letton, il reste encore beaucoup d’efforts à faire pour la réconciliation, la sécurité, la lutte contre la corruption, etc. Interview.
Jeune Afrique : Vous étiez venu à Abidjan au lendemain de la crise postélectorale. Un an après, comment trouvez-vous la capitale économique ivoirienne ?
Andris Piebalgs : Il y a eu beaucoup de changements en l’espace d’un an. J’ai notamment rencontré le président Alassane Ouattara au palais présidentiel, contrairement à la dernière fois où c’était dans un cadre beaucoup moins officiel. La rencontre était conviviale, et la sécurité garantie, ce qui n’était pas du tout acquis l’année dernière.
J’ai par ailleurs inauguré, dans une ambiance bon enfant, deux projets. Au regard des chiffres de la croissance économique [de 5 à 8% en 2012, selon les prévisions des autorités ivoiriennes, NDLR], je puis vous dire qu’il y a eu beaucoup de changements positifs. Les progrès réalisés en un an par le pays sont encourageants.
Quels sont les projets que vous avez inaugurés ?
Il s’agit d’abord de la sécurisation des postes sources d’électricité d’Abidjan, financée par l’Union européenne à hauteur de 11 millions d’euros [7,2 milliards de F CFA, NDLR]. Les deux tiers des habitants d’Abidjan vont en bénéficier, notamment grâce au raccordement de nouvelles zones d’habitation au réseau électrique. D’ailleurs, 30 autres millions d’euros [19,7 milliards de FCFA, NDLR] sont prévus dans le cadre de ce même programme.
À chaque fois que j’ai rencontré des membres de la société civile et des dirigeants du secteur privé, le terme "réconciliation nationale" est revenu dans la conversation.
Le second projet est d’un montant de plus de 10 millions d’euros [7 milliards de F CFA, NDLR], toujours financé par l’UE, il concerne les travaux de réhabilitation et de mise en conformité des équipements et ouvrages d’assainissement d’Abidjan. Il rendra à la capitale économique la propreté de ses lagunes d’antan. Il est composé de deux volets : la réhabilitation de stations de pompage d’eaux usées et la réalisation de stations de refoulement d’eaux usées et de réseaux gravitaires. Au total, l’enveloppe de notre coopération avec la Côte d’Ivoire pour les années 2012-2013 s’élève à 500 millions d’euros [327 milliards F CFA, NDLR]. C’est l’un des budgets les plus importants en Afrique.
L’année dernière, l’UE a dégagé une enveloppe de 180 millions d’euros pour soutenir les efforts de réconciliation et la reprise économique en Côte d’Ivoire. Êtes-vous satisfait du travail de réconciliation ?
La réconciliation est un processus. À chaque fois que j’ai rencontré des membres de la société civile et des dirigeants du secteur privé, le terme « réconciliation nationale » est revenu dans la conversation. Tous ont reconnu que, certes, des efforts étaient là, mais que les autorités devaient en faire davantage, comme pour la sécurité. Nous avons relayé cette demande auprès du gouvernement.
L’UE peut soutenir le processus de réconciliation, notamment dans les zones rurales où les conflits sociaux sont nombreux, cependant ce sont les hommes politiques qui ont les cartes en main. À ce sujet, je pense que le voyage du président Ouattara dans l’Ouest (du 21 au 24 avril 2012, NDLR) est une démarche positive. Et en matière de sécurité, nous pouvons apporter notre appui pour des programmes de formation professionnelle et de réinsertion des anciens combattants.
Vous avez rencontré les responsables de l’opposition conduite par le Front populaire ivoirien (FPI, de Laurent Gbagbo). De quelles préoccupations vous ont-ils parlé ?
Nous avons évoqué plusieurs sujets, mais le plus important est que les responsables de l’opposition ont marqué leur volonté de conquérir le pouvoir par les urnes.
De quoi avez-vous parlé avec le président Alassane Ouattara et le Premier ministre Jeannot Ahoussou Kouadio ?
J’ai leur ai dit que l’UE s’est engagée à soutenir la Côte d’Ivoire pour plusieurs raisons, dont la plus importante est le fait que ce pays a un potentiel de croissance énorme. Nous sommes prêts à continuer à le soutenir en mobilisant des moyens dans les secteurs de l’énergie, de la sécurité alimentaire, de l’agriculture, etc.
Par ailleurs, nous sommes engagés dans le soutien politique du pays en vue de la réussite de réformes et de chantiers comme la réconciliation. Il a aussi été question de commerce, d’engagement du secteur privé dans le pays, de sécurité et de lutte contre la corruption. Dans ce domaine, l’idéal serait de mettre en place un système de surveillance par les acteurs de la société civile et du secteur privé.
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Propos recueillis par André Silver Konan
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