Nessma TV – « Affaire Persepolis » : reprise du procès de Nabil Karoui à Tunis, verdict le 3 mai
Le procès de Nabil Karoui a repris le jeudi 19 avril. Au cœur d’une affaire qui divise profondément la société tunisienne, le directeur de la chaîne Nessma TV est accusé d’avoir porté atteinte aux préceptes de l’islam suite à la diffusion du film d’animation « Persepolis ».
« C’est un jour décisif pour la liberté d’expression et de la presse. Le jugement sera historique et aura un effet sur la région ». Tels sont les mots prononcés par Nabil Karoui, patron de la chaîne privée tunisienne Nessma TV, dont le procès a repris le jeudi 19 avril avant d’être ajourné au 3 mai, date qui coïncide avec la Journée mondiale de la liberté de la presse.
Hommes politiques, journalistes, bloggeurs et citoyens ordinaires se sont déplacés en masse à l’entrée du tribunal de première instance de Tunis, alors que des policiers filtraient l’accès à la salle d’audience. « Les policiers laissent les barbus entrer dans la salle et en empêchent les autres », a accusé la blogueuse Lina Ben Mhenni, via son compte Twitter.
Ouvert le 16 novembre et reporté à deux reprises, ce procès a provoqué un tollé et divisé profondément la société tunisienne. Nabil Karoui est poursuivi pour « atteinte aux valeurs du sacré, atteinte aux bonnes moeurs et trouble à l’ordre public » après avoir diffusé le 7 octobre dernier le film franco-iranien « Persepolis », qui raconte les dérives du régime iranien à travers les yeux d’une petite fille. En cause : une scène où Dieu est représenté, un principe proscrit par l’islam. Nabil Karoui s’était excusé pour la diffusion de ce film dès le 11 octobre, reconnaissant avoir lui-même été choqué par ladite scène. « Je m’excuse. Je suis désolé pour tous les gens qui ont été dérangés par cette séquence, qui me heurte moi-même », avait-il dit. Mais cela n’avait pas empêché un collectif de 140 avocats de porter plainte contre lui.
"Je ne reconnais plus mon pays"
Jeudi, dans la salle d’audience, avant que ne soit prononcé le report du verdict, les plaidoiries des parties civiles et de la défense ont commencé à se succéder, provoquant la fureur des internautes sur les réseaux sociaux. Parmi les interventions remarquées, celle de Me Raja Mansour, qui a affirmé, selon les témoins sur place, que son fils avait été très choqué et avait eu une crise après avoir vu le film, réclamant des sanctions appropriées pour dissuader de tels comportement. Me Nasr Saïdi a, quant à lui, tenu à expliquer au journal en ligne Tunisie Numérique, que Nabil Karoui était passible de la peine capitale, comme le prévoit la loi tunisienne. « Avoir diffusé Persepolis est passible de la peine de mort. Après tout, on est encore en l’an 1433 … » se moque @enissa_ayari sur Twitter. « Je ne reconnais plus mon pays », a déploré pour sa part Lina Ben Mhenni.
« Les plaidoiries montrent le niveau lamentable de certains avocats Tunisiens ! », dénonce @nadia_chaibi. « Je lis les tweets #nessma et j’ai déjà un sentiment de dégoût. Jugez les chaînes wahabis qui appellent au meurtre et à la haine avant ! », s’insurge un autre internaute, @SlimAyeche.
Une certitude, les internautes ne sont pas montés au créneau pour défendre la personne de Nabil Karoui, très décriée pour ses liens avec le régime Ben Ali. Dans la droite ligne des slogans révolutionnaires, c’est bien la liberté que ces Tunsiens entendent protéger.
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