Une centaine de Tunisiens pris en otage en Libye, selon Tunis, Tripoli dément

Les autorités tunisiennes affirment qu’une centaine de Tunisiens ont été retenus en otage en Libye par un groupe d’hommes en armes contestant l’arrestation de quatre des leurs en Tunisie. Pour Tripoli, il s’agirait d’une méprise. Quoi qu’il en soit, les personnes concernées sont désormais « libres de leurs mouvements », ce que Tunis confirme.

À Ras Jdir, un poste frontière entre la Libye et la Tunisie, le 3 décembre 2011. © Mahmud Turkia/AFP/Archives

À Ras Jdir, un poste frontière entre la Libye et la Tunisie, le 3 décembre 2011. © Mahmud Turkia/AFP/Archives

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 18 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Mis à jour à 13h05.

Lundi soir, le ministère tunisien des Affaires étrangères a annoncé l’enlèvement de quelque 80 Tunisiens par un groupe de Libyens armé dans une zone frontalière tuniso-libyenne, sans plus de précisions. « Ils sont 80 selon nos indications », avait indiqué le porte-parole du ministère, Taoufik Hnana, espérant « un dénouement heureux » de l’affaire. De fait, « ils ont été libérés » mardi soir, a annoncé mercredi le ministère dans un communiqué.

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Selon la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), c’est une centaine de Tunisiens qui étaient retenus. « Une unité révolutionnaire libyenne a capturé lundi soir une centaine de Tunisiens travaillant dans la région de Zaouia en Libye pour réclamer la libération de quatre Libyens détenus en Tunisie », avait affirmé le président de la LTDH, Lassad Jamoussi, à Sfax. Le groupe d’otages était constitué de 20 personnes engagées par une société de travaux publics pour le compte d’une compagnie pétrolière et de 80 autres travailleurs divers de la région de Zaouia. « Ils ont été capturés et conduits sur la base militaire de leurs ravisseurs mais grâce à une médiation de leur employeur, le groupe a passé la nuit dans un campement de la compagnie où ils ont été ramenés sous bonne garde », avait ajouté Jamoussi.

"Ni agressés ni malmenés"

Les « otages » ont été retenus dans « des conditions normales. Ils n’ont été ni agressés ni malmenés », poursuivait Jamoussi. Le chef des ravisseurs est le frère de l’un des quatre Libyens interpellés en Tunisie et soupçonnés de trafic de drogue et d’armes. Une information cependant totalement démentie par Tripoli. « Il n’y a eu aucun enlèvement de Tunisiens », a affirmé le colonel Abdelmonem Ayad, un porte-parole du ministère de l’Intérieur, qui ne s’est pas étendu sur les détails.

Tarek Zambo, le vice-président de la Haute commission de sécurité qui dépend du ministère libyen de l’Intérieur, était pour sa part plus précis. Pour lui, des « Thowars (révolutionnaires) qui étaient en sit-in de protestation contre l’arrestation de trois des leurs en Tunisie ont juste retenu un groupe de Tunisiens pour les convaincre de se joindre à leur cause. (…) Ce n’est pas un enlèvement. D’ailleurs le sit-in a été levé et tous les Tunisiens sont libres de leurs mouvements. Chacun a pu poursuivre son chemin, certains sont rentrés chez eux en Libye et d’autres sont rentrés en Tunisie », affirmait-il mardi.

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Manipulation de Kadhafistes ?

Selon Zambo, il s’agirait en fait d’une manipulation de responsables de l’ancien régime de Mouammar Kadhafi ayant trouvé refuge à Ben Guerdane, dans le Sud tunisien. Ceux-ci auraient eu pour but de « détériorer les relations tuniso-libyennes ».

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De fait, la tension est montée d’un cran en Tunisie. À Sfax, ville du sud proche de la frontière libyenne, la radio a lancé mardi un « appel au calme » et la LTDH a dépêché des militants pour calmer les esprits dans la région de Skhira, où des parents de Tunisiens pris en otage auraient tenté de bloquer la route à des voyageurs libyens, selon Jamoussi.

La zone frontalière entre la Tunisie et la Libye est régulièrement le théâtre d’incidents et constitue un point névralgique pour la contrebande et les trafics en tous genres. D’autant que la circulation et le trafic des armes ont explosé depuis le conflit libyen qui a abouti à la chute du colonel Kadhafi en août 2011.

(Avec AFP)

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