Espagne : accusé de chasser l’éléphant en période de crise, le roi est en mauvaise posture
Depuis dimanche 15 avril, le roi espagnol Juan Carlos est au centre d’une violente polémique suite à la publication par la presse d’une photo le représentant fusil à la main devant un cadavre d’éléphant au Botswana. Un safari à 30 000 euros datant de 2006, dont la révélation, en pleine période de crise, tombe plutôt mal… d’autant que le souverain vient d’être hospitalisé à son retour d’un nouveau voyage… au Botswana !
Il y a des images qu’on préfèrerait ne jamais voir remonter à la surface. Et celle-là, pour la royauté espagnole, en fait incontestablement partie. Dimanche 15 avril, les quotidiens El Mundo et El País ont publié un cliché pour le moins embarrassant pour le roi Juan Carlos alors que le pays traverse une grave crise économique : on voit le souverain posant, fusil dans la main gauche, devant son trophée du jour, un majestueux éléphant du Botswana.
Selon la presse espagnole, Juan Carlos s’était rendu dans ce pays en 2006 pour une partie de chasse au pachyderme, autorisée à condition d’y mettre le prix : entre 7 000 et 30 000 euros. Au Botswana, pays qui compte plus de 130 000 éléphants, la chasse est en effet simplement « régulée ». Or, la publication de la photo en question intervient au plus mauvais moment pour la monarchie : le roi vient en effet d’être hospitalisé pour une fracture de la hanche droite contractée vendredi dernier au Botswana, justement.
"La honte de l’Espagne"
Conséquence : les médias espagnols et les défenseurs des animaux n’ont pas manqué de faire le lien entre le cliché de 2006 et le lieu de l’accident royal. « D’après les éléments en notre connaissance, il s’agit d’un voyage irresponsable, réalisé au moment le plus inopportun », écrit ainsi l’éditorialiste du quotidien de centre droit El Mundo. « Le spectacle d’un monarque chassant les éléphants en Afrique alors que la crise économique dans notre pays provoque tant de problèmes pour les Espagnols donne une image d’indifférence et de frivolité que le chef de l’État ne devrait jamais donner », poursuit-il.
Si la Maison royale n’a pas précisé le motif du dernier séjour en Afrique de Juan Carlos, elle n’a pu éviter une polémique qui entache à nouveau la monarchie, après celle concernant le gendre du roi Inaki Urdangarin, empêtré dans une affaire de corruption. Juan Carlos a même subi l’offensive – peu étonnante quand il s’agit de défense des animaux -, de l’ancienne actrice française Brigitte Bardot, le décrivant comme « la honte de l’Espagne ».
VGE, Bokassa et le prince William
Mais les déboires de Juan Carlos ne font que confirmer l’attrait de nombreux monarques ou présidents européens pour les safaris en Afrique. L’un des plus emblématiques restera sans doute Valéry Giscard d’Estaing, chef de l’État français, qui aimait à parcourir les forêts centrafricaines de l’Empereur Bokassa Ier (voir ci-contre la Une du J.A. n° 1078, daté du 2 septembre 1981). Plus glamour, le Prince William s’était fendu d’une demande en mariage à sa future promise Kate Middleton, en 2010 lors d’un safari kenyan.
Si la demande en mariage semble exclue pour le monarque espagnol, âgé de 74 ans, une chose est sûre : la royauté espagnole traverse sans doute la plus grande crise de son histoire post-franquiste. À titre de comparaison, la carrière politique de Valéry Giscard d’Estaing, comme sa popularité, n’eut de cesse de décliner après la révélation de ses frasques diamantaires…
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