Putsch en Guinée-Bissau : dissolution des institutions et fermeture des frontières

La junte qui s’est emparée du pouvoir en Guinée-Bissau le 12 avril a annoncé dimanche la fermeture des frontières et la dissolution des institutions, remplacées par un « Conseil national de transition » (CNT) dont le rôle et la composition doivent être fixés ce lundi, en accord avec les militaires. La plupart des observateurs soupçonnent le chef d’état-major, le général Antonio Indjai, d’être le meneur de putschistes.

La culture du coup d’État est bien ancré dans l’armée bissau-guinéenne. © AFP

La culture du coup d’État est bien ancré dans l’armée bissau-guinéenne. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 16 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

C’est encore la plus grande confusion qui règne à Bissau après le coup d’État du 12 avril mené par une grande partie de l’armée, qui se retrouve une fois de plus au cœur des convulsions de la patrie d’Amilcar Cabral. La junte en place a annoncé dimanche soir la fermeture de ses frontières maritimes et aériennes alors que le Portugal, ex-puissance coloniale, venait d’annoncer qu’il envoyait deux navires et un avion militaire pour évacuer si nécessaire ses ressortissants.

Peu avant, c’était le parfait manuel du putsch qui était appliqué à la lettre, avec à la clé la dissolution des institutions et la création d’un « Conseil national de transition » (CNT), dont la composition devait être fixée lundi après une réunion des partis politiques de l’ex-opposition qui présenteront leur doléances à la junte.

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Rencontre avec la Cedeao

Les dirigeants de 22 partis, sur 35 du pays, étaient présents à la réunion qui a décidé la dissolution des institutions et devraient participer au CNT, dont deux commissions sont déjà opérationnelles : l’une pour les « affaires diplomatiques », qui rencontrera lundi une délégation de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), et l’autre pour les « affaires sociales » gérant les « affaires courantes ».

Reste la question de ceux qui, dans l’ombre, tirent les ficelles du coup d’État mené par le vice-chef d’état-major, le général Mamadu Turé Kuruma, conjointement avec les patrons de l’armée de Terre, de l’Air et de la Marine. Pour l’ex-ministre bissau-guinéen des Affaires étrangères, Mamadou Djalo Pires, aucun doute : c’est le chef d’état-major de l’armée, le général Antonio Indjai qui en est l’auteur. Pourtant, l’arrestation de ce dernier a été annoncée par la junte – « une farce » selon Djalo Pires. Un sentiment partagé par de nombreux journalistes et observateurs à Bissau…

Le rôle de l’Angola

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De fait, plusieurs dirigeants de l’ex-parti au pouvoir restaient en détention dimanche, dont le président intérimaire Raimundo Pereira et le Premier ministre Carlos Gomes Junior, favori pour le second tour de la présidentielle, prévu le 29 avril (et était boycotté par l’opposition). Il semble que ce soit la volonté de ce dernier de prendre l’ascendant sur l’armée – ainsi que sur l’opposition et même sur une frange de son propre parti (PAIGC) – qui soit le ressort de la crise. Mais les putschistes ont justifié leur action en dénonçant « un accord secret » conclu selon eux entre l’exécutif et l’Angola pour « faire éliminer » l’armée par les soldats angolais présents en Guinée-Bissau.

La junte a annoncé qu’elle allait faciliter le départ de ces quelque 200 soldats, décidé par Luanda juste avant le putsch. Mais de source angolaise à Bissau, on précisait dimanche qu’aucun moyen de transport n’avait encore été envoyé de Luanda pour leur retour et que la Cedeao souhaiterait que leur mission soit prolongée. La Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) a défendu la création d’une « force d’interposition » en Guinée-Bissau, sous l’égide des Nations unies.

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(Avec AFP)

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