Guinée-Bissau : tentative de coup d’État, le Premier ministre introuvable

Des militaires se sont emparés de la résidence du Premier ministre de la Guinée-Bissau, Carlos Gomes Junior, dont le sort est inconnu, faisant craindre un coup d’État. La télévision et la radio nationale ont été coupées.

Le sort du Premier ministre Carlos Gomes Junior est inconnu. © AFP

Le sort du Premier ministre Carlos Gomes Junior est inconnu. © AFP

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Publié le 13 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Mise à jour le 13/04/12 à 11H50

La situation est encore trop floue pour assurer que la Guinée-Bissau a été victime d’un nouveau coup d’État, mais tous les éléments d’un tel scénario semblent réunis. De fortes détonations ont été entendues dans la soirée du jeudi 12 avril alors que des soldats ont attaqué la résidence de l’actuel Premier ministre Carlos Gomes Junior, dans la capitale Bissau. Les tirs, essentiellement concentrés autour de la résidence du Premier ministre, ont duré environ une heure. La capitale a retrouvé le calme dans la soirée. Un cordon de sécurité avait été installé par des militaires autour du palais présidentiel et des rues environnantes. Vendredi matin, la capitale était cadrillée par les militaires, postés en particulier devant des bâtiments officiels.

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Incertitudes

« Il y a des troubles. Nous ne savons pas encore ce que c’est. Il y a des tirs, des tirs sporadiques d’artillerie, et de lourdes explosions… Nous entendons que cela vient de la résidence de Carlos Gomes Junior » a déclaré à Reuters un diplomate en poste dans la capitale. « Il y a eu une débandade et une riposte de nos collègues. (Carlos Gomes Junior) a tenté de sortir en profitant de la confusion. Ensuite je ne l’ai plus revu car j’ai moi aussi cherché à m’enfuir de là », a raconté un agent de sécurité posté dans la résidence.

Le sort du Premier ministre comme les raisons de ce coup de force militaire sont pour le moment inconnus. Selon ce même agent de sécurité, Carlos Gomes Junior « se trouvait dans sa résidence où des militants de son parti étaient venus lui témoigner de leur fidélité, quand une première roquette RPG a percuté l’entrée principale de sa villa ».

« Nous (le) recherchons activement. Quel que soit l’endroit où il peut se cacher, nous le débusquerons avant l’aube », a assuré à l’AFP un militaire mutin. Le sort du chef de l’État par intérim Raimundo Pereira, à la suite du décès en janvier du président Malam Bacaï Sanha, mort à Paris, est pour le moment inconnu. Une source politique, citée par Reuters, a assuré qu’il avait été arrêté par les mutins.

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Le siège du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC, au pouvoir), dirigé par Carlos Gomes Junior Gomes, était occupé par au moins une vingtaine de soldats. Une dizaine d’autres, en armes, avaient pris le contrôle de la radio nationale en début de soirée. Cette dernière comme la télévision nationale ont cessé d’émettre. Le courant avait également été coupé dans toute la ville, plongeant Bissau dans l’obscurité.

« Nous attendons d’entendre ce qu’ils ont à dire », a déclaré le ministre des Affaires étrangères bissau guinéen Mamadou Djalo Pires également présent à Abidjan, appelant à « une réaction énergique » de la communauté internationale.

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Coups d’État à répétition

Ces évènements interviennent seulement quelques jours après que l’Angola ait annoncé la fin de sa mission de modernisation de l’armée bissau-guinéenne, mise en place en 2011 pour aider le pays à mettre fin aux nombreux coups d’États qui ont jalonné son histoire.

Le 26 décembre 2011, plusieurs officiers de l’armée, parmi lesquels, le chef de la marine, avaient été arrêtés à la suite d’une tentative de putsch déjouée. Plus récemment le 18 mars 2012, l’ancien directeur des renseignements militaires de Guinée-Bissau, le colonel Samba Djalo, avait été abattu à Bissau par un groupe d’hommes non identifiés, en tenue militaire.

Plus tôt jeudi, l’opposition bissau-guinéenne menée par l’ex-président Kumba Yala, qui est censé affronter le 29 avril au second tour de l’élection présidentielle Carlos Gomes Junior, avait appelé au boycott du scrutin, et mis en garde quiconque battrait campagne. « Quiconque s’aventurera à battre campagne assumera la responsabilité de tout ce qui adviendra », a menacé Kumba Yala, sans plus de précision.

(Avec Agences)
 

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