Le Soudan du Sud en quête de souveraineté pour son espace aérien

Alors que la guerre civile menace entre Khartoum et Djouba, le Soudan du Sud n’en poursuit pas moins la consolidation de son indépendance, acquise en juillet 2011. Le 11 avril 2011, un accord de coopération entre l’Asecna et la jeune république doit permettre à cette dernière de développer la sécurité de son aéroport international et de son espace aérien.

Signature du « Memorandum of understanding » entre l’Asecna et le Soudan du Sud, le 11 avril. © Nicolas Michel, pour J.A.

Signature du « Memorandum of understanding » entre l’Asecna et le Soudan du Sud, le 11 avril. © Nicolas Michel, pour J.A.

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Publié le 12 avril 2012 Lecture : 3 minutes.

Le 9 juillet 2011, la République du Soudan du Sud est officiellement devenue le 54e État africain. À cette occasion, plusieurs dizaines de présidents et de ministres accompagnés de leurs délégations, de journalistes et de VIP ont débarqué sur l’aéroport de Juba, la nouvelle capitale. Tout s’est bien passé et aucun d’entre eux ne s’est rendu compte que l’aviation civile soudanaise, quasi inexistante, n’avait absolument pas les moyens de gérer en toute sécurité une telle affluence.

Installations vieillottes, proximité des habitations, absence de clôture, manque de personnel qualifié auraient pu empêcher la tenue même des cérémonies de l’indépendance tant le pays dépend de cette poussiéreuse piste d’atterrissage. Le sachant, le gouvernement du Soudan du Sud a fait appel à l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI), laquelle lui a conseillé d’entrer en contact avec l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).

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C’est donc l’Asecna qui, à fonds perdus, a tout mis en œuvre pour permettre à la jeune République de d’accueillir à Juba Airbus, Boeing et autres aéronefs. Le moins que l’on puisse dire, c’est que la prestation a porté ses fruits : moins d’un an plus tard, le 11 avril 2012, le directeur général de l’Asecna, le Malien Amadou Ousmane Guitteye, a signé avec le sous-secrétaire d’État aux transports sud-soudanais, David Martin Hassan, un Memorandum of understanding qui engage une véritable collaboration entre les deux parties. La ministre des Transport, Agnès Poni Lukudu, s’en est aussitôt réjoui : « Nous ne voulons pas limiter nos relations aux pays anglophones ! Nous souhaitons apprendre et bénéficier de l’expérience de tous ceux qui étaient là avant nous. »

Renforcement de la sécurité

Pour un pays comme le Soudan du Sud, où tout est à bâtir – des routes aux cadres juridiques en passant par la santé, l’éducation, la police, etc. – l’expérience de l’Asecna ne sera pas de trop, même si le pays est riche en pétrole. « De l’Asecna, nous attendons surtout qu’elle nous aide à renforcer la sécurité et la sûreté de l’aéroport de Juba, affirme le ministre adjoint des Transports Mayom Kuoc Malek. Mais aussi qu’elle nous permette de bien former nos jeunes. » C’est là tout l’objet du Mémorandum of understanding, par lequel l’Asecna s’engage avant tout à permettre la formation, dans ses centres de Niamey, Douala et Dakar, de cinq contrôleurs aériens, de deux experts météo, de trois techniciens qualifiés pour l’aide à la navigation, d’un expert AIS (Automatic Identification System), mais aussi de pompiers et d’agents de sécurité.

Chacun comprendra l’utilité immédiate, en matière de sécurité du trafic, de telles formations. Reste que le véritable enjeu de l’accord porte sur la souveraineté même du Soudan du Sud, à l’heure où les tensions avec le Nord sont plus que jamais d’actualité (affrontements frontaliers, fermeture des puits de pétrole, embargo qui ne dit pas son nom…). Amadou Ousmane Guitteye indique ainsi : « Le plus urgent, pour le Soudan du Sud, c’est de mettre en place une structure qui lui permette d’exercer sa souveraineté sur son espace aérien et, dès lors, d’engranger les revenus qui vont avec. » En effet, pour l’heure, c’est toujours Khartoum qui fournit les services d’aide à la navigation au-dessus du territoire du Soudan du Sud et qui, en toute logique, empoche les royalties payées par les compagnies. Une situation qui, pour Juba, n’a que trop duré.

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Par Nicolas Michel, envoyé spécial à Juba

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