Maroc : le PJD imprime sa marque sur l’audiovisuel marocain
Le ministre de la Communication marocain a dévoilé le contenu des nouveaux cahiers des charges pour les deux principales chaînes publiques du Maroc. Au menu : arrêt des publicités pour les jeux de hasard, notamment les paris sportifs, et arabisation des programmes.
Pour le gouvernement marocain, les chaînes nationales se sont sans doute un peu trop éloignées du droit chemin. Le nouveau ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, entend donc y mettre bon ordre. Présentés par ses soins le 31 mars dernier, les nouveaux cahiers des charges pour les deux chaînes publiques, Al-Oula et 2M, comportent deux réformes de poids.
La première est l’interdiction programmée des publicités pour les jeux de hasard. Une décision qui privera 2M d’une manne financière estimée à 27 millions de dirham (environ 2,5 millions d’euros), et qui a valu au ministre bien des critiques, y compris au sein de son propre gouvernement. Mohamed Ouzzine, ministre des Sports a ainsi rappelé à son homologue qu’il était « un ministre de la Communication et non un mufti ou un fqih [théologien, NDLR] qui interdit et autorise ».
Dans un entretien paru dans le quotidien arabophone Al-Massae, Mohamed Ouzzine, membre du Mouvement populaire (parti de la coalition au pouvoir) et président du Conseil d’administration de la Marocaine des jeux et des sports, s’est même payé le luxe de rappeler au gouvernement ses priorités. « Ce n’est pas un problème de halal [autorisé par la religion, NDLR] ou de haram [interdit NDLR]. Le vrai haram est qu’un grand nombre de jeunes sont au chômage et que des jeunes ne trouvent pas de terrains pour pratiquer leurs sports favoris ».
"Coup d’État"
Le second cheval de bataille de Mustapha El Khalfi sera l’arabisation des chaînes marocaines. Selon les cahiers des charges présentés, 80% des émissions d’Al Oula devront être en arabe, tandis que 2M, plus francophone, verra son journal en français de 20 heures 45 reporté à une heure plus tardive. Parmi les autres obligations auxquelles devront se plier les chaînes de télévision, la diffusion des appels aux cinq prières quotidiennes et l’augmentation de 52 minutes des programmes religieux hebdomadaires…
La presse marocaine a vivement réagi à ces mesures qui, approuvées par la Haute autorité de la Communication et de l’audiovisuel (Haca) devront entrer en vigueur à partir du 1er mai. Le quotidien francophone Le Soir-Echos est même allé jusqu’à qualifier l’initiative du gouvernement de « coup d’État ».
(Avec AFP)
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