Mali : à la recherche d’un Premier ministre salvateur

Même si les grandes lignes de la transition démocratique sont tracées à Bamako, beaucoup de points d’interrogation demeurent. Au premier rang desquels le choix d’un Premier ministre qui aura les « pleins pouvoirs » pour remettre de l’ordre dans la maison Mali et éteindre le feu qui se propage au Nord.

Dioncounda Traoré à son arrivée à Bamako, le 7 avril. © AFP

Dioncounda Traoré à son arrivée à Bamako, le 7 avril. © AFP

Publié le 11 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Le fait est acté : le jeudi 12 avril, à 9 heures, Dioncounda Traoré, actuel président de l’Assemblée nationale malienne, prendra officiellement l’intérim de la présidence du Mali. Il prêtera serment au cours d’une courte cérémonie qui se tiendra au Palais des congrès de Bamako,  en présence du corps diplomatique, mais aussi de la classe politique malienne, et de la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo.

Dans la foulée, il lui faudra nommer un Premier ministre doté des « pleins pouvoirs », selon l’accord-cadre signé entre le Comité national de redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE, junte) et la médiation de la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), représentée par le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé. Ce nouveau super-Premier ministre devra « gérer la crise du Nord » et conduire le pays vers des élections « libres, transparentes et démocratiques ».

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Et si la Constitution stipule que celles-ci doivent avoir lieu au maximum 40 jours après la prise fonction du président par intérim, l’on sait d’ores et déjà qu’il est objectivement impossible de tenir ce délai dans un pays coupé en deux, la moitié nord étant occupée par les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et leurs alliés islamistes d’Ansar Eddine. De quoi compliquer encore un peu le choix de l’homme providentiel, dans un pays où technocrates et intellectuels ont tous des affiliations politiques.

"Quelqu’un de neutre"

Pour sa part, la société civile met tout en œuvre pour peser sur cette nomination. « Il est hors de question que l’on ramène aux affaires l’un de ceux qui a conduit le pays droit dans le mur, déclare un ardent militant anti-corruption. Les partis qui sont tous complices, ont déjà noyauté le nouveau gouvernement. Mais pour le Premier ministre, nous nous battrons jusqu’au bout afin que ce soit quelqu’un de relativement neutre ».

Leurs efforts seront-ils payants ? Sur la short list des premiers ministrables, trois ont déjà occupé la fonction. Il s’agit de Modibo Keïta qui a déjà servi sous le deuxième mandat d’Alpha Oumar Konaré, d’Ousmane Issoufi Maïga surnommé Pinochet par la presse locale et de Soumana Sako, candidat déclaré à la présidentielle avortée du 29 avril. Le quatrième en lice est Michel Sidibé, actuel directeur exécutif de l’Onusida. « Rien est encore fait », précise cependant une source proche de la médiation. Depuis trois jours, la possibilité de nommer un militaire de haut-rang au poste de Premier ministre est de plus en plus évoquée, en plus des ministères régaliens de la Défense, de la Sécurité et de l’Administration territoriale qui semblent déjà acquis aux putschistes.

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La voix du capitaine Haya

Cependant, bien d’autres dossiers restent à traiter par la médiation de la Cedeao et le nouveau pouvoir qui se met en place. Les modalités et la durée de la transition par exemple. Dioncounda Traoré restera-t-il président une fois passés les 40 jours de l’intérim ? « Ce serait l’option la plus logique pour assurer la continuité lors de la transition », explique-t-on du côté de la médiation. Le CNRDRE ne semble pas de cet avis : dans une intervention télévisée du 9 avril, le capitaine Amadou Haya Sanogo a fait savoir qu’il était opposé à cette option, tout comme à l’intervention sur le territoire malien des forces de le Cedeao.

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Par Malika Groga-Bada

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