Djibril Ouattara : « Moov Togo a investi 50 millions de dollars en deux ans »

Arrivé en 2009, le directeur général de Moov Togo, Djibril Ouattara, est l’artisan du renouveau de la filiale du groupe Etisalat, deux ans après une fermeture de cinq mois infligée par l’État. Il détaille à Jeune Afrique les grands axes de sa stratégie.

Djibril Ouattara, directeur général de Moov Togo. © Moov Togo

Djibril Ouattara, directeur général de Moov Togo. © Moov Togo

Julien_Clemencot

Publié le 6 avril 2012 Lecture : 4 minutes.

Jeune Afrique : Moov Togo vient d’obtenir la certification ISO 9001 version 2008, quel impact pour vos abonnés ?

Djibril Ouattara : La certification est la première étape d’une démarche qualité entamée en 2010 qui place le client au cœur de nos préoccupations. Concrètement, cela se traduit par un traitement plus rapide des demandes faites par les abonnés dans nos points de contacts [agences, NDLR]. Une charte reprenant nos engagements, édictés pour l’essentiel dans notre cahier des charges, sera bientôt diffusée.

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Parmi nos « promesses » : traiter les abonnements dans les 24 heures, éviter toute coupure de réseau dans les plus grandes agglomérations du pays ou encore limiter la durée de ces incidents à une heure dans les grosses villes de l’intérieur. En outre, la démarche qualité va nous permettre d’identifier des domaines dans lesquels nous pouvons encore améliorer notre efficacité et, in fine, ce sont nos clients qui bénéficieront de nos économies.

Justement, le régulateur togolais appelle de ses vœux une baisse des tarifs des appels car il les juge exorbitants…

Le régulateur a montré, sur la base d’une étude sous-régionale, que les tarifs des appels entre les opérateurs restent effectivement élevés [150 francs CFA la minute contre entre 100 francs CFA au Bénin, NDLR]. Ce niveau de prix est induit par des dispositions réglementaires comme les coûts d’interconnexion ou des coûts de transit obligatoires. Nous sommes en train de travailler avec le ministère des Télécommunications pour les faire baisser. D’ici quelques mois, le client va sentir la différence.

Une nouvelle occasion de mettre à mal la domination de l’opérateur public Togocel ?

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On ne peut plus dire que le marché est dominé par Togocel. Nous avons beaucoup progressé ces deux dernières années. Nous détenons désormais 47% du marché [contre 53 % pour Togocel, NDLR], soit environ 1,3 million d’abonnés. Dans notre estimation la plus pessimiste, notre concurrent aurait à peine 180 000 abonnés de plus que nous.

Comment expliquez-vous cette percée ?

Nous sommes en discussion avec les autorités togolaises pour obtenir une licence 3G dans les meilleurs délais, idéalement avant la fin du premier semestre.

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Nous avons réalisé de gros investissements dans l’intérieur du pays – 50 millions de dollars depuis 2010 – pour améliorer notre réseau dont la taille a été multipliée par 2,7. Nous avons aussi augmenté notre nombre d’agences commerciales en passant de 5 à 16 sur l’ensemble du pays et amélioré notre distribution. Et sur plus de 100 localités dans l’intérieur du pays récemment couvertes, nous proposons des tarifs qui peuvent baisser jusqu’à sept francs CFA à la minute en heure creuse.

Mais Togocel a repris la main en offrant depuis la fin 2011 la 3G (haut débit mobile) à ses clients…

Cela n’a aucune conséquence immédiate pour nous, car lorsqu’on regarde la base d’abonnés de nos opérations en Afrique, on se rend compte qu’à peine 2% des utilisateurs ont des téléphones compatibles avec Edge [Enhanced Data Rates for GSM Evolution, norme moins performante que la 3G, NDLR] et la 3G. Aujourd’hui, la demande d’Internet dans nos pays est telle qu’un bon réseau Edge suffit. À cela s’ajoute le fait que le débit offert sera toujours limité par l’utilisation du satellite pour la connexion Internet. Reste que nous appartenons à un groupe qui a fait du haut débit une de ses priorités. Nous sommes donc en discussion avec les autorités pour obtenir une licence 3G dans les meilleurs délais, idéalement avant la fin du premier semestre.

Selon les dernières informations, l’arrivée du câble sous-marin en fibre optique de l’Afrique de l’Ouest serait prévue pour le mois d’août.

Au moment où le pays sera raccordé au câble sous-marin en fibre optique Wacs (West Africa Cable System) ?

Tout à fait, nous essayons d’anticiper cette échéance qui selon les dernières informations serait prévue pour le mois d’août. La 3G sera un atout important pour développer les services aux entreprises.

Que pensez-vous de la décision de favoriser l’arrivée d’opérateurs virtuels (hébergés sur un réseau existant) sur un marché loin d’être saturé, puisque le taux de pénétration du mobile reste inférieur à 50% au Togo ?

Cette solution est transitoire. Elle a été envisagée en attendant des réformes du secteur [restructuration des entreprises publiques, mode de gestion du point d’atterrissement du câble Wacs…, NDLR] qui permettront l’ouverture du marché dans de bonnes conditions. Moov n’a pour sa part pas de projet d’opérateur virtuel.

Donc selon vous, l’ouverture à un troisième opérateur est toujours envisagée ?

Je pense qu’il y a toujours une place pour un troisième opérateur. C’est avant tout une volonté politique. En ce qui nous concerne, notre groupe est habitué à évoluer dans des environnements compétitifs, donc cela ne nous effraie pas. Lors de certaines négociations avec les pouvoirs publics, avoir un autre opérateur privé à nos côtés aurait pu être un avantage pour donner plus de poids à nos demandes.

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Propos recueillis par Julien Clémençot

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