Guinée – CPI : Fatou Bensouda exige que « justice soit faite » pour les massacres de 2009
En déplacement à Conakry le 5 avril, la future procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, s’est exprimée sur les massacres du 28 septembre 2009 au stade de Conakry, au cours desquels au moins 150 personnes ont trouvé la mort. Elle a exigé un « dénouement rapide » du dossier.
« Nous avons trop attendu. Nous tenons cette fois à ce que ce dossier soit bouclé ». Les déclarations de la future procureur de la CPI, à Conakry (Guinée) le 5 avil, sont fermes. Elles concernent le dossier du massacre d’au moins 150 personnes dans un stade de Conakry, le 28 septembre 2009. Fatou Bensouda a réclamé « un dénouement rapide » et exigé que tous les moyens soient mobilisés « pour que justice soit faite dans un court délai ».
Poursuivre les hauts responsables
À l’occasion de son passage à Conakry, la future procureur a tenu remercier « la patience » des victimes, représentées par les membres d’une dizaine d’associations. « J’espère que cette patience se termine enfin, en tout cas qu’elle ne se prolonge pas davantage et ce sera un évènement heureux qui va clôturer notre action », a-t-elle déclaré.
Plus tard dans la soirée, à l’issue de sa rencontre avec le président guinéen Alpha Condé et le ministre de la Justice Christian Sow, Fatou Bensouda a donné une conférence de presse. Elle y a affirmé la volonté des autorités guinéennes de donner aux juges « tous les moyens dont ils ont besoin », assurant « qu’ils pourront continuer d’opérer en toute indépendance ».
« En tant que prochaine procureur, je veillerai personnellement à ce que ce soit le cas », a-t-elle dit, avant d’ajouter que, « si les hauts responsables (de ces massacres) ne sont pas poursuivis par les autorités guinéennes, alors la CPI le fera. C’est l’un ou l’autre, il n’y a pas de troisième voie ». Actuellement procureur adjoint de la Cour, Fatou Bensouda prendra ses fonctions de procureur de la CPI en juin, succédant à Luis Moreno Ocampo.
Elle a également jugé de manière positive l’enquête conduite par le pool de juges d’instruction de Conakry, soulignant des « progrès significatifs » avec l’inculpation d’une personnalité militaire de haut rang. « Ils font un travail complexe dans des conditions difficiles, ils méritent notre soutien, le soutien des autorités guinéennes, le soutien et la confiance des victimes qui attendent justice et celui des Nations unies qui s’apprêtent aussi à les appuyer », a-t-elle affirmé.
Mises à morts et viols
Le dossier du stade de Conakry renvoie la Guinée aux heures sombres du pays ,alors qu’il était sous le joug du capitaine Moussa Dadis Camara et de sa junte. Le 28 septembre 2009, des milliers d’opposants au régime s’étaient rassemblés au stade du même nom pour exprimer leur refus de voir le capitaine présenter sa candidature à l’élection présidentielle qui devait se tenir l’année suivante.
Ce qui ne devait être qu’une manifestation s’est terminé dans un bain de sang, lorsque les forces de sécurité ont pénétré dans le stade et ont tiré, frappé et violé des centaines d’opposants. Le bilan de cette journée fait état d’au moins 157 morts, des centaines de blessés, 131 femmes violées et 84 disparus recensés.
Parmi les hommes soupçonnés d’être impliqués dans le massacre figure le nom d’un ancien responsable de la junte guinéenne, le lieutenant-colonel Moussa Tiègboro Camara, actuel chef d’un service rattaché à la présidence. En février, ce dernier a été inculpé à Conakry dans le cadre de l’enquête. Des accusations qu’il nie en bloc, contredisant les dépositions de témoins cités par l’ONU et par des ONG.
(Avec AFP)
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