Mali : Bamako entre stupeur et tremblements

La junte au pouvoir à Bamako est totalement désemparée face à l’avancée de la rébellion touarègue dans le Nord-Mali. Littéralement assommée, la population semble quant à elle ne pas comprendre ce qui arrive au pays, considéré il y a peu comme un exemple de stabilité en Afrique de l’Ouest.

L’armée malienne est-elle de taille à freiner l’avancée des rebelles touaregs au Sud ? © AFP

L’armée malienne est-elle de taille à freiner l’avancée des rebelles touaregs au Sud ? © AFP

Publié le 2 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Incrédulité, stupeur, consternation. À Bamako, la capitale malienne, le moral est en berne. « Je ne dors plus, je ne mange plus, se lamente Hawa, assistante de direction. Ma famille vit à Gao et j’ai très peur ».

Comme la majorité des Bamakois, Hawa vit désormais le téléphone vissé à l’oreille, à l’affût de la moindre information sur l’avancée des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, la rébellion touarègue) et de leurs alliés du groupe islamiste Ansar dine, mené par Iyad Ag Ghali, ancien de la rébellion des années 1990.

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Le 30 mars, c’est la ville de Kidal qui est tombée. Le lendemain, Gao et ses deux garnisons, dont le camp Firhoun Ag Alinsar, le plus important de la région et base arrière des soldats. Puis le 1er avril, la rébellion est entrée dans Tombouctou, ville historique, sans rencontrer de résistance. Dans ces deux dernières villes, nombre de militaires ont abandonné armes et treillis avant de quitter leur base.

Ralliement d’Elhadj Gamou au MNLA

Enfin, sans doute la nouvelle la plus démoralisante a été le ralliement à la rébellion d’Elhadji Gamou. Le colonel-major, chef d’état-major adjoint du président Amadou Toumani Touré (ATT) a annoncé, le 31 mars, son ralliement au mouvement rebelle. De quoi renforcer la méfiance de Bamako à l’égard de tous les militaires touaregs.

« Ce qu’on attend maintenant, c’est qu’il trouve une solution à ce qui se passe au nord, commente un journaliste. Rien ne dit que les rebelles ne descendront pas à Bamako. L’appétit vient en mangeant… ». Et dans la capitale, l’inquiétude est vive. Le rétablissement des institutions annoncé par le chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo, et la suspension probable des sanctions de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont à peine retenu l’attention.

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La Cedeao à la rescousse ?

« La route est longue jusqu’à Bamako et nous veillons au grain », tente-t-on de rassurer du côté de la junte, sans toutefois proposer de solutions concrètes pour freiner l’avancée des rebelles. Du côté de la Cedeao, les 2 000 hommes en alerte ne seront pas là avant longtemps. « Au mieux, dans un mois », selon une source diplomatique, en tenant compte des délais de préparation nécessaires à la mobilisation d’un tel effectif.

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Par sûr cependant que le Mali ait le temps d’attendre, cette fois. « Quelle ironie ! peste un membre du Front de refus du coup d’État. Dire que c’est son incapacité à gérer la crise du nord qui a fait tomber ATT. À ce train-là, la junte aussi devrait faire attention ».

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