Maroc : le gouvernement Benkirane face à la crise économique
Les prévisions de croissance de l’économie marocaine ont une nouvelle fois été revues à la baisse, selon le dernier rapport de la Banque du Maroc. Des difficultés en perspective auxquelles doit faire face le gouvernement de Abdelilah Benkirane.
Hausse des prix, croissance en baisse, campagne agricole compromise par la sécheresse : trois mois après la nomination par le roi Mohammed VI du gouvernement dirigée par l’islamiste Abdelilah Benkirane, l’économie marocaine connaît un fort ralentissement. Pour l’économiste Driss Benali, ces difficultés sont l’expression d’une crise « conjoncturelle, et structurelle ».
« Ce n’est pas une crise profonde. Le gouvernement est pris par l’ampleur des problèmes. En attendant qu’elle passe, il doit préserver la confiance des citoyens en luttant davantage contre la corruption et l’économie de rente », explique-t-il. Après avoir été estimée à 5%, puis à 4,2% pour l’année 2012, la croissance a été ramenée en début de semaine à 3% (contre 4,8% l’an dernier), selon le dernier rapport de la Banque du Maroc. Un recul confirmé mercredi 28 mars par le ministre de l’Économie Nizar Baraka.
Déficit budgétaire
Le « repli sensible » de l’activité économique est notamment lié à la crise financière dans la zone euro. Près des deux tiers des échanges commerciaux marocains se font avec l’Europe, particulièrement avec la France et l’Espagne. Pour relancer l’économie, la Banque centrale vient d’annoncer une baisse d’un quart de point de son principal taux directeur, à 3%.
Le royaume fait également face à l’explosion de son déficit budgétaire. Une conséquence directe de la politique du Maroc de soutenir les prix pour contenir la contestation engagée dans le sillage du printemps arabe. L’État avait quasiment doublé ses dépenses de soutien aux prix prévues dans le budget de 2011. La Caisse de compensation qui gère ces dépenses absorbe aujourd’hui 20% du budget.
Importations
« Le gouvernement a créé beaucoup d’attente en achetant la paix sociale à coups de subventions par ci, augmentations de salaires par là et de promesses non tenues. Maintenant, il doit passer à la caisse, (…) et la facture est salée », estime Driss Benali. De plus, compromettant la campagne agricole, la sécheresse qui sévit actuellement au Maroc va sans doute obliger le pays à augmenter ses importations.
Le royaume devra probablement acheter en 2012-13 davantage de blé qu’il ne l’a fait depuis un demi-siècle, estime un rapport publié le 20 mars par le département américain de l’Agriculture (USDA). Le secteur agricole représente quelque 17% du PIB marocain, et près de 40% de la population en vit directement ou indirectement, selon les derniers chiffres officiels.
(Avec AFP)
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