Congo : tensions à Brazzaville autour du versement des allocations d’urgence

Depuis le début du versement des allocations d’urgence aux sinistrés congolais des explosions du 4 mars, Brazzaville est sous tension. Les incidents se succèdent et obligent parfois la police à intervenir.

Un sinistré congolais à Brazzaville après l’explosion. © AFP

Un sinistré congolais à Brazzaville après l’explosion. © AFP

Publié le 3 avril 2012 Lecture : 2 minutes.

Brazzaville ne sort pas de la tourmente depuis l’explosion du dépôt central de la réserve d’armes de Mpila le 4 mars. Confrontés à une situtation sanitaire catastrophique, les sinistrés congolais vivent dans un climat de tension, qui s’est accentué depuis la mise en place, le 23 mars, de l’allocation d’urgence.

Bagarres et manifestations

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L’un des derniers incidents en date remonte au 27 mars. Il est 13 heures, la police a érigé quelques barrières de sécurité autour de la caserne des pompiers où les familles victime de l’explosion viennent percevoir leur allocation. Les agents filtrent un à un les chefs de famille qui viennent souvent accompagnés pour éviter d’éventuels débordements.

Fraudes

L’explosion du dépôt central de la réserve d’armes a fait 223 morts, 2 300 blessés et plus de 14 000 sinistrés. Les autorités ont alors lancé un grand recensement pour enregistrer les victimes. Si seuls les chefs de famille sont habilités à percevoir ces allocations, des  cas de fraude sont ponctuellement signalés. « Il y a des personnes qui ne sont pas sinistrés qui se sont fait recensées. Il y a même des propriétaires de parcelles qui pourtant ne vivaient pas sur place qui présentent des locataires fictifs », témoigne Vincent, un sinistré qui n’a pas son nom sur les premières listes. Comme beaucoup, il n’autre choix que de patienter en attendant la publication de nouvelles listes. Dans un climat délétère.

Aux alentours, les sinistrés venus en délégation piaffent d’impatience. Chaque famille va percevoir la somme de 3 millions de francs CFA (5 000 euros), un soutien d’urgence du gouvernement. C’est au sortir d’une de ces perceptions qu’une dispute éclate entre deux frères qui ont du mal à se partager la somme d’argent perçue. L’altercation dégénère rapidement en bagarre puis en mouvement de foule.

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Quelques jeunes visiblement énervés déplacent alors les barrières de sécurité, et vont les planter sur la principale artère, à côté du CHU, bloquant ainsi la circulation, et jettent  quelques pavés sur le bitume. S’ensuit une intervention de la police qui disperse la foule à coup de gaz lacrymogène. Alerté, le directeur général de la police congolaise, Jean-François Denguet, se rend rapidement sur les lieux pour rappeler et calmer les sinistrés. Mais certains d’entre eux demeurent très énervés, à l’image de cette dame furieuse qui crie à qui veut bien l’entendre : « Trois millions c’est quoi ? Ça n’est même pas ma parcelle et ma maison que j’ai perdue, je n’ai plus rien, je dors dans des conditions difficiles, et ils osent nous traiter ainsi ! ».

L’incident n’est pas sans rappeler celui du 26 mars. Des jeunes sinistrés de Talangaï (6e arrondissement), mécontents de ne pas avoir retrouvé leurs noms sur les premières listes des récipiendaires, avaient incendié les panneaux d’affichage de la mairie. La manifestation spontanée qui s’en était suivie avait alors dégénéré, contraignant les forces de police à intervenir.
 

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