Coup d’État au Mali : la Cedeao brandit la menace d’un embargo « diplomatique et financier »
Alors que la situation se dégrade à Bamako et dans le nord du Mali, les chefs d’État de la Cedeao ont lancé un ultimatum de 72 heures aux putschistes au pouvoir. Ils menacent le pays d’un « embargo diplomatique et financier », si la junte ne rétablit pas l’ordre constitutionnel.
Empêchés d’atterrir à Bamako par une manifestation de partisans de la junte malienne, les chefs d’État ouest africains emmenés par Alassane Ouattara se sont réunis en urgence à huis clos à l’aéroport d’Abidjan. Dans la capitale économique ivoirienne, en présence notamment du médiateur dans la crise malienne Blaise Compaoré (Burkina Faso) et du président de l’Union Africaine Boni Yayi (Bénin), ils ont décidé jeudi 29 mars de lancer un ultimatum aux putschistes.
La junte dispose donc d’un délai maximum de 72 heures », soit lundi « au plus tard », pour rétablir l’ordre constitutionnel, auquel cas le Mali sera frappée par « un embargo diplomatique et financier », a déclaré le président de la Commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo. Les sanctions de la Cedeao incluent une interdiction de voyager et un gel des avoirs dans la région pour les membres de la junte. Avec la fermeture des frontières, la fermeture de l’accès aux ports des pays côtiers de la zone et un gel des comptes du Mali à la banque centrale ouest-africaine (BCEAO), elles visent clairement à une asphyxie du pays.
De leur côté, les putschistes se sont institutionnalisés en adoptant une nouvelle Constitution. Le texte consacre la prééminence des militaires jusqu’aux élections présidentielle et législatives qui clôtureront la transition et dont la date n’est pas déterminée. Des élections auxquelles Aucun membre de la junte n’est autorisé à se présenter.
Le président ATT s’est quant à lui exprimé mercredi pour ma première fois depuis le coup d’État. Mais cette intervention médiatique n’a en aucun cas marqué son retour sur la scène politique. ATT a déclaré qu’il se trouvait « à Bamako » et qu’il n’était « pas prisonnier ». Très évasif sur sa localisation exacte, ainsi que sur ses intentions politiques, il a ainsi semble hors jeu.
Dans le même temps, la situation s’est dégradée à Bamako, comme dans le nord du pays. Des incidents ont éclaté jeudi dans la capitale malienne entre pro et anti-putschistes. Ces affrontements ont fait « trois blessés graves », a-t-on appris de source hospitalière. Cinq journalistes, dont trois étrangers, ont été interpellés à Bamako par des militaires et conduits au quartier général de la junte, avant d’être libérés, a-t-on appris de sources concordantes.
Le même jour, la rébellion touareg du MNLA, accompagnée du groupe salafiste Ansar dine de Iyad Ag Ghali, a lancé une attaque sur la ville stratégique de Kidal, dans le nord-est du Mali. Le MNLA menaçait également de prendre d’assaut la ville de Tombouctou.
(Avec AFP)
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