Mali : normalisation de la vie quotidienne et visite attendue d’une délégation de la Cedeao

Couvre-feu levé, frontières rouvertes, libération de prisonniers « politiques » comme Modibo Sidibé, reprise de l’activité dans les administrations et le secteur privé… La normalisation de la vie quotidienne est en cours au Mali. Mais la Cedeao, réunie en sommet exceptionnel à Abidjan, a haussé le ton, n’excluant pas une intervention militaire contre la junte et annonçant l’envoi d’une délégation de chefs d’État à Bamako dans les 48 heures.

Le président de la Cedeao Alassane Ouattara mènera la délégation de chefs d’État à Bamako. © AFP

Le président de la Cedeao Alassane Ouattara mènera la délégation de chefs d’État à Bamako. © AFP

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 28 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Alors que la situation au Mali après le coup d’État militaire du 22 mars était étudiée à la loupe par la Cedeao réunie en sommet exceptionnel à Abidjan, mardi 27 mars, la junte au pouvoir à Bamako jouait à fond la carte de la normalisation. Le chef des putschistes, le capitaine Amadou Haya Sanogo a demandé à l’organisation régionale de « l’accompagner », un message transmis également aux forces politiques maliennes.

« J’exhorte la classe politique malienne à vite nous rejoindre, sans délai, pour tracer le chemin le plus court de retour à un ordre constitutionnel », a déclaré Sanogo, alors que la normalisation de la vie quotidienne était de plus en plus visible dans la capitale, où administration, banques et commerces ont réouvert mardi. La télévision nationale (ORTM), aux mains des mutins, a également diffusé des images d’associations et d’organisations en tous genre se succèdant à l’antenne pour annoncer leur ralliement à la junte.

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Modibo Sidibé libéré

Un front anti-junte s’est toutefois formé dimanche pour « faire échec au coup d’État ». Regroupant de nombreux partis politiques (dont l’Adema de Dioncounda Traoré et l’URD de Soumaïla Cissé) et associations, il a annoncé vouloir « engager sans délai le dialogue » avec les putschistes pour obtenir leur départ du pouvoir. Mardi, les militaires ont empêché plusieurs députés de cette opposition naissante d’entrer à l’Assemblée nationale, officiellement dissoute comme les autres institutions. Le président Amadou Toumani reste quant à lui introuvable, même si la France a annoncé avoir eu un contact téléphonique « rassurant » avec lui.

Malgré des avancées notables – comme la libération mardi soir de l’ex-Premier ministre Modibo Sidibé et de l’homme d’affaires Jamil Bittar -, la vie politique reste donc pour l’heure fortement entravée. Mais la vie tout court, elle, reprend ses droits dans le pays. Dans la soirée de mardi, la junte a annoncé la levée du couvre-feu qui était en vigueur de 18 heures à 06 heures (locales et GMT) – une mesure prenant « effet à compter de sa diffusion » – ainsi que la réouverture des frontières à partir de mercredi matin. La fermeture de celles-ci avait déjà été partiellement levée mardi dans le but de permettre l’acheminement des denrées de première nécessité et du carburant, alors que des pénuries menaçaient le pays. Quant à l’espace aérien malien, qui avait lui aussi été fermé le 22 mars, il a été officiellement rouvert lundi au transport civil, les premiers vols recommençant mardi.

Message de fermeté

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Un retour à la normale qui n’a pas empêché la Cedeao d’envoyer un message très ferme à la junte. Première étape vers une possible intervention militaire de l’organisation, celle-ci « autorise la montée en puissance de sa force pour parer à toute éventualité ». Dans le même temps, les participants au sommet (dont Alassane Ouattara, Boni Yayi, Ellen Johnson-Sirleaf, John Atta-Mills, Ernest Bai Koroma, Blaise Compaoré, Mahamadou Issoufou) ont décidé de l’envoi à Bamako dans les 48 heures d’une délégation de plusieurs chefs d’État pour « permettre un retour rapide à l’ordre constitutionnel ».

La délégation sera conduite par les présidents Ouattara (Côte d’Ivoire, également président de la Cedeao), accompagné par Yayi (Bénin, également président de l’UA), Compaoré (Burkina Faso), Sirleaf (Liberia), Issoufou (Niger) et Goodluck Jonathan (Nigeria). La junte lâchera-t-elle du lest face à la pression de ses voisins ouest-africains ? Elle a déjà annoncé à mi-mot l’établissement d’une feuille de route et la nomination prochaine d’une équipe chargée de la mettre en oeuvre. Par ailleurs, sur le front de la rébellion touarègue au Nord-Mali, le capitaine Amadou Sanogo a appelé lundi les combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad à « cesser les hostilités » et négocier.

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(Avec AFP)

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