Coup d’État au Mali : ce que la Cedeao pourrait décider

Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) s’est ouvert ce 27 mars à Abidjan, où sept chefs d’État de la région ont convergé. Objectif : tenter d’apporter une réponse décisive au coup d’État au Mali.

La Cedeao compte se servir de la jurisprudence Gbagbo pour obtenir le départ de la junte. © D.R.

La Cedeao compte se servir de la jurisprudence Gbagbo pour obtenir le départ de la junte. © D.R.

silver

Publié le 27 mars 2012 Lecture : 3 minutes.

Mis à jour à 15h55.

« Le putsch au Mali constitue une menace pour la paix. Le sommet d’Abidjan devra prendre des décisions énergiques ». La position de Mahamadou Issoufou, est sans ambigüité. Le président du Niger est arrivé ce matin peu après 8 heures, à l’aéroport Félix-Houphouët-Boigny de Port-Bouët. À sa descente d’avion, il a été accueilli par le Premier ministre ivoirien Jeannot Ahoussou Kouadio. Le chef du gouvernement ivoirien a tour à tour souhaité le traditionnel « akwaba » (bienvenue en Baoulé) à Madické Niang, ministre sénégalais des Affaires étrangères, représentant le président Abdoulaye Wade, John Atta-Mills, président du Ghana, Ernest Bai Koroma, président de la Sierra Leone.

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Un peu en retard, la Libérienne Ellen Johnson-Sirleaf est arrivée peu après 10 heures, à bord d’un avion des Nations unies. Un quart d’heure plus tard, Ahoussou a également accueilli Mohamed Saïd Fofana, Premier ministre guinéen, qui effectue sa troisième mission à l’extérieur de son pays depuis sa nomination fin décembre 2010. La délégation nigériane était aussi très attendue, Goodluck Jonathan étant annoncé à Abidjan.

Fermeté contre la junte

En 2011, le leadership du président nigérian, alors président de la Cedeao, avait abouti lors de la crise postélectorale ivoirienne (décembre 2010-avril 2011) à des solutions fermes contre Laurent Gbagbo qui refusait de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, déclaré élu par la Commission électorale indépendante (CEI). D’autres chefs d’État et de délégations devraient arriver à Abidjan au cours de la journée. Les autorités ivoiriennes veulent aller vite et faire les choses en grand. Du fait des retards, les délégations qui sont arrivées ce matin ont été conduites directement par hélicoptère à l’hôtel Ivoire, où s’est ouvert le sommet.

« Nous devrons prendre d’importantes décisions à l’occasion de ce sommet qui engage l’avenir de la démocratie et adopter aujourd’hui une position commune sans équivoque sur la double crise politique et militaire qui secoue le Mali », a déclaré Alassane Ouattara, président en exercice de la Cedeao, à l’ouverture des travaux. « Notre position devra également être un signal fort donné à l’ensemble de l’Afrique », a-t-il poursuivi.

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Hier, Blaise Compaoré et Boni Yayi, respectivement présidents du Burkina Faso et du Bénin, étaient eux-aussi arrivés à Abidjan. Ils ont été accueillis par Ouattara en personne. Sur le dossier malien, la position de Boni Yayi, par ailleurs président en exercice de l’Union africaine (UA), rejoint celle de la plupart des dirigeants de la Cedeao. À Abidjan, il a réaffirmé que « le président du Mali est bel et bien Amadou Toumani Touré » (ATT). De ce fait, il a plaidé pour un retour aux affaires de ce dernier « par tous les moyens ».

Jurisprudence Gbagbo

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Un communiqué présentant les conclusions des travaux de la Cedeao sont attendues dans la soirée. L’organisation régionale pourrait sommer la junte du capitaine Amadou Sanogo, président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), qui a renversé ATT le 22 mars, de rendre le pouvoir à ce dernier. Sans conditions, précise une source diplomatique. La Cedeao compte se servir de la jurisprudence Gbagbo pour obtenir le départ des militaires maliens du pouvoir.

Pour faire plier l’ancien président ivoirien, la Communauté qui regroupe quinze États d’Afrique de l’Ouest avait proposé une série de mesures politiques et financières. Ainsi, les participants au sommet extraordinaire d’aujourd’hui pourraient décider, entre autres, de ne reconnaître que la signature du président ATT sur les comptes du Mali à la Banque centrale des États d’Afrique de l’ouest (BCEAO). Cette décision, qui avait considérablement fragilisé à son temps le régime de Laurent Gbagbo, aurait pour effet d’isoler financièrement les putschistes.

Le sommet devrait aussi proposer des pistes de solution pour lutter contre la progression de la rébellion touarègue et d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) dans le Nord-Mali. En outre, les chefs d’État devraient adresser un chaleureux satisfecit au Sénégal qui a réussi encore une fois son alternance démocratique après que le président sortant Abdoulaye Wade a concédé dimanche sa défaite électorale face à son ex-Premier ministre Macky Sall.

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Par André Silver Konan, à Abidjan

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