Tunisie : Ennahdha renonce à introduire la charia dans la Constitution
En renonçant à faire modifier le premier article de la Constitution et à faire explicitement référence à la charia dans la Loi fondamentale, le mouvement islamiste de Rached Ghannouchi, Ennahdha, mécontente une partie de sa base. Mais il tient ses engagements électoraux.
Accusée par l’opposition libérale, la gauche et les activistes des droits de l’homme de jouer double jeu, mais aussi de ne pas vouloir rompre avec son aile dure salafiste, dont elle ne condamne les violences que du bout des lèvres, Ennhadha a finalement choisi de respecter ses engagements. Comme promis pendant la campagne électorale de 2011 pour l’élection de la Constituante, le mouvement islamiste majoritaire de Rached Ghannouchi a donc affirmé qu’il renonçait à vouloir introduire toute référence à la charia dans la Constitution. Et qu’il optait – comme promis – pour le maintien de l’article premier de la Loi fondamentale de 1959 stipulant que « la Tunisie est un État libre, indépendant et souverain », et que « l’islam est sa religion, sa langue l’arabe et la République son régime ».
Bien que cette décision découle d’une promesse électorale, le choix de la respecter n’est pas allé sans mal au sein d’Ennahdha, où elle est souvent perçue comme une concession. Elle a été définitivement adoptée aux deux tiers des plus de 120 membres du comité exécutif du parti, après un long débat qui s’est poursuivi samedi et dimanche. Cette décision vise à « renforcer le consensus national et à favoriser la réussite de la transition démocratique » et à faire en sorte que « l’expérience tunisienne puisse servir de modèle à d’autres pays qui ont connu des changements similaires », a expliqué Ziad Doulatli à l’agence Associated Press. Lors d’une conférence de presse, le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a justifié le choix d’Ennahdha par le « souci de préserver l’unité nationale ».
"Une Constitution pour tous les Tunisiens"
« Nous ne voulons pas que la société tunisienne soit divisée en deux camps opposés idéologiquement, l’un pro-charia et l’autre anti-charia. Cela ne nous réjouit pas et c’est très grave. Nous voulons plutôt une Constitution qui soit pour tous les Tunisiens quelles que soient leurs convictions », a-t-il expliqué. « L’essentiel, c’est que les Tunisiens sont aujourd’hui unis autour de l’islam et de la démocratie », a-t-il noté, en déplorant que la charia, « mal interprétée et mal appliquée dans certains pays comme l’Afghanistan, soit assimilée à la violence et au terrorisme ». Et de faire remarquer que « l’islam n’autorise pas de traiter autrui de mécréants », en allusion aux salafistes qui considèrent les laïcs comme des apostats.
(Avec Agences)
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