Présidentielle au Sénégal : quelles solutions pour lutter contre la flambée des prix ?
Au Sénégal, la réduction des prix des denrées est au centre des débats pour le second tour de l’élection présidentielle. Quelles marges de manoeuvre pour l’État ? Des experts indiquent la voie à suivre.
À Dakar comme à l’intérieur du Sénégal, la question alimente les débats politiques. Peut-on réduire raisonnablement les prix des denrées alimentaires qui grimpent depuis près de douze ans ? Le kilogramme de riz à connu une hausse constante de son prix depuis l’an 2000. De 140 Francs CFA, il est passé à 250 F CFA en 2007, puis à 280 Francs CFA en 2011. En mars 2012, il culmine à 475 francs Cfa, dans un pays où le salaire minimum tourne autour de 50 000 Francs CFA. Le kilogramme de sucre, un autre produit de consommation courante, est quant à lui passé de 450 à 650 Francs CFA entre 2000 et 2007. Et de 670 à 700 Francs CFA entre 2011 et mars 2012. Comment freiner cette hausse vertigineuse ?
Sall et Wade : deux stratégies très floues
Macky sall, rival du candidat Abdoulaye Wade au second tour de l’élection présidentielle, promet de mettre un terme à cette flambée des prix « dès les premiers jours » de son élection. Pour y arriver, il compte « économiser 130 milliards de Francs CFA par an en réduisant le train de vie dispendieux de l’État, sans parler des autres mécanismes que nous sommes en train d’élaborer pour que cette décision soit prise immédiatement », a-t-il lancé en plein meeting à ses militants de « Khar Yaala », un quartier populaire de Dakar.
Moins tranché que Sall sur la question, le candidat Wade a décidé, au sortir d’une séance de travail avec l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois), le 10 mars, de mettre en place une commission paritaire avec le gouvernement pour « examiner les mécanismes possibles de baisses des prix, celui du sucre notamment ». Un peu court pour quelqu’un qui est au pouvoir depuis 12 ans.
Surtout, les argumentaires des candidats sont jugés « simplistes » voire « populistes » par certains experts comme Mamadou Malick Sarr. Pour ce cadre aux Impôts et Domaines, il est impossible de procéder à une réduction des prix des denrées dans un cadre juridique, la loi n°94-63 du 22 août 1994 instituant la libéralisation et la concurrence. « Dans un système de régime de liberté des prix, explique-t-il, l’orientation des prix résulte essentiellement de l’offre et de la demande ».
Solutions réalistes
Toutefois, des solutions volontaristes peuvent s’offrir à l’État. Il s’agit notamment de la baisse de la taxe sur le prix des hydrocarbures « qui varie entre 61 et 65% », estime Momar Ndaw président de l’Association des consommateurs du Sénégal, (Ascosen). Le même genre de remède pourrait être appliqué au prix des produits de consommation importés, comme l’huile et le riz .
Quant à la subvention du prix des denrées de première nécessité, souvent brandie par les politiques, Ndaw indique qu’elle « n’est pas une solution durable ». Parce que, explique-t-il, « cette subvention va demander beaucoup d’efforts que les bailleurs de fonds n’accepteront pas. Par ailleurs, les spéculateurs peuvent, pour augmenter leurs marges, exporter les produits subventionnés dans d’autres pays de la Cedeao au nom de la libre circulation des biens ».
Le groupe des experts économistes du Forum Civil (section sénégalaise de Transparency international) propose une autre solution, sur le long terme cette fois. Dans un document publié le vendredi 16 mars sur le sujet, il préconise la définition par l’État d’une « réelle politique de sécurité alimentaire (…) en ayant, par exemple, une attention plus soutenue aux producteurs de riz de la vallée du fleuve et du bassin de l’Anambé ». C’est l’éternelle question de l’autosuffisance alimentaire, où une production suffisante – c’est à dire une offre importante – fait mécaniquement baisser les prix…
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