Guinée-Bissau : second tour Gomes-Yala dans un climat de peur
L’ancien Premier ministre Carlos Gomes Junior sera opposé à l’ex-président Kumba Yala, lors du second tour de l’élection présidentielle en Guinée-Bissau. Selon les résultats de la Commission électorales publiés mercredi 21 mars, le candidat du parti au pouvoir, arrive en tête avec 48,97% des voix, suivi par son principal opposant Kumba Yala (23,36%).
Le second tour de l’élection présidentielle Bissau-guinéenne opposera un ancien Premier ministre, Carlos Gomes Junior, à un ex-président de la république, Kumba Yala. Il doit se dérouler le 22 ou le 29 avril prochain.
Selon les résultats officiels du premier tour du 18 mars publiés mercredi 21 mars par la Commission nationale des élections (CNE), Carlos Gomes Junior, du parti au pouvoir, arrive en tête avec 48,97% des voix, suivi du principal opposant Kumba Yala (23,36%), de Manuel Serifo Nhamadjo (15,75%) et d’Henrique Rosa (5,4%). Le taux de participation a été de 55%.
« Nous sommes ravi du résultat. Le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau, au pouvoir) est imbattable. Cependant, nous nous plaignons du taux élevé d’abstention. Le deuxième tour n’était pas désirable mais en démocratie il faut accepter la volonté populaire », a déclaré M. Gomes.
« J’appelle la justice à faire son travail et que toute personne qui perturberait l’ordre et la vie de la population soit traitée comme le veut la loi », a-t-il ajouté.
Suspicions de fraudes
Le premier tour du scrutin s’est déroulé dans le calme. C’est pourtant un climat de peur et de suspicion de fraudes qui pèse maintenant sur l’élection. De peur car, dimanche 18 mars, le colonel Samba Djalo, ex-responsable des renseignements militaires a été abattu à Bissau en pleine rue par un groupe d’homme en tenue militaire.
L’ex-chef d’état-major de l’armée, l’amiral Zamora Induta, s’est depuis réfugié dimanche 18 mars à Bissau dans les locaux de l’Union européenne (UE) « par crainte pour sa sécurité personnelle », a indiqué l’UE mercredi.
Cinq des neufs candidats, dont l’ancien président bissau-guinéen Kumba Yala et Manuel Serifo Nhamadjo, ont de leur côté demandé l’annulation du scrutin pour « fraudes », avant même la publication des résultats.
Ils ont 48 heures pour déposer leurs recours à la CNE qui va ensuite disposer d’un temps similaire pour les examiner avant de transmettre ces résultats officiels provisoires à la Cour suprême qui doit les valider à une date indéterminée.
« Nous rendons la CNE responsable des conséquences de la publication de résultats électoraux frauduleux » et « de ce qui va arriver dans le pays », avait déclaré mardi M. Yala, au nom de cinq candidats. Le camp de Carlos Gomes Junior a « catégoriquement » rejeté ces allégations de fraudes.
Un scrutin "libre, équitable et transparent"
Les observateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), de l’Union africaine (UA) et de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) ont jugé le scrutin avait été jugé « libre, équitable et transparent ».
Ceux de l’UA avaient toutefois souligné que l’élection avait été organisée « sur la base du fichier électoral de 2008, ce qui n’a pas permis un toilettage nécessaire » des listes « et la prise en compte d’une frange de la population, notamment les jeunes ayant atteint l’âge de voter ».
Fafali Koudawo, politologue, juge, quant à lui, que « quand sur neuf candidats, cinq se prononcent pour une annulation, c’est qu’il y a crise. Dans ce genre de cas, les voies de recours sont des voies légales », mais « la Guinée-Bissau a déjà un passé de réclamations non abouties ». « C’est normal que les gens aient peur, on connaît les chaînes des violences ici », a-t-il ajouté.
(Avec AFP)
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