La Tunisie fête l’anniversaire de son indépendance sur fond de tensions politiques

Des milliers de Tunisiens se sont rassemblés mardi 20 mars sur l’avenue Bourguiba de Tunis pour fêter l’anniversaire de l’indépendance de leur pays. Avec, en toile de fond, des tensions liées au débat sur l’identité et la place de la religion dans la Constitution.

Des Tunisiennes célèbrent l’anniversaire de l’Indépendance à Tunis le 20 mars 2012. © AFP

Des Tunisiennes célèbrent l’anniversaire de l’Indépendance à Tunis le 20 mars 2012. © AFP

Publié le 20 mars 2012 Lecture : 2 minutes.

« J’ai combattu la dictature et je suis venue ici pour dire haut et fort que nous n’accepterons plus jamais d’être sous une autre dictature », déclare Oum Zyed, militante réputée et membre du Congrès pour la République (CPR), parti du président Moncef Marzouki et seconde force de l’Assemblée constituante tunisienne.

Drapeaux omniprésents, klaxons et hymne national : les Tunisiens ont célébré mardi le 56e anniversaire de l’indépendance de leur pays, conquise le 20 mars 1956 après 75 ans de protectorat français. Avenue Bourguiba, les manifestants venus à la suite des appels lancés sur les réseaux sociaux, scandaient des slogans hostiles aux forces politiques islamistes : « le peuple veut un État civil séculaire », « non à l’esprit rétrograde, non au califat », ou encore « nous ne nous laisserons pas voler notre révolution par les esprits obscurantistes. »

la suite après cette publicité

Les slogans de la révolution – travail, liberté, dignité -, étaient également repris en chœur. « Au nom de l’ouvrier et de l’agriculteur, nous continuons à militer », proclamait ainsi une banderole, tandis qu’une autre réclamait « du travail, ou le départ du gouvernement. »

« Nahdaouiste (partisan du parti islamiste Ennahdha) éloigne toi, la femme est plus forte que toi », chantaient en chœur un groupe de femmes, dont certaines enveloppées dans des drapeaux tunisiens.

« Le bourguibisme ne mourra jamais », « laissez ma Tunisie Libre », « gouvernement de la honte dégage », « séparation de la religion et de l’État », pouvait-on aussi lire sur les affiches brandies par les manifestants.

Divergences constitutionnelles

la suite après cette publicité

Ce 56e anniversaire de l’indépendance, se déroule dans un contexte délicat, notamment à cause de la tension grandissante entre les forces de l’islam politique et les libéraux.

Envenimé par des incidents liés aux radicaux salafistes, les débats tournent essentiellement autour de la question de l’identité tunisienne et de la place à accorder à la religion dans la future Constitution du pays.

la suite après cette publicité

« On commémore ce grand évènement dans un moment ou notre pays connaît certaines dérives sur les plans constitutionnel, institutionnel et politique », a déclaré Mongi Ellouz, secrétaire général adjoint du Parti démocrate progressiste (PDP), avant d’ajouter : « il y a des atteintes aux libertés et nous manifestons aujourd’hui contre l’instauration de la charia, la loi islamique, dans la future Constitution, et pour imposer une Constitution démocratique qui respecte les libertés et les droits de tous les Tunisiens. »

« Je suis une femme libre et je milite pour que la Tunisie soit toujours démocratique, malgré les tentatives rétrogrades qui veulent porter atteinte à nos acquis », a fait savoir de son côté Fatma Ziedi, une manifestante de l’avenue Bourguiba.

Dans un discours prononcé mardi matin, le président tunisien Moncef Marzouki a exhorté les Tunisiens « à vivre ensemble, avec et malgré leur différences. »

« L’union nationale ne peut pas durer si elle est bâtie sur l’incompréhension, la haine et la division », a-t-il ajouté, lors d’une cérémonie de lever du drapeau au palais présidentiel de Carthage.

(Avec AFP)

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

De g. à dr. : A. Larayedh, R.Ghannouchi et H. Jebali. © AFP

Tunisie : Ennahdha, blocage à tous les étages

Z. Krichen (à g.) et H. R’Dissi après avoir été agressés par des salafistes, le 23 janvier. © Youtube

Ziyed Krichen : « Les salafistes tunisiens ont mis mon nom sur une liste »

Contenus partenaires